La brutalité des vidéos de violences policières à Sainte-Soline nous a sidérés, mais pas surpris. Abolir cette police viriliste, qui meurtrit militants, habitants des quartiers populaires, Gilets jaunes... est une nécessité écologique, défend notre éditorial.
En pleine guerre d’indépendance, des milliers d’Algériens manifestent dans les rues de Paris pour s’opposer au couvre-feu qui leur est imposé. Ces rassemblements pacifiques sont violemment réprimés par la police française, plus de 100 manifestants sont tués, certains corps jetés dans la Seine. Le Bondy Blog a recueilli le témoignage de quatre acteurs qui contribuent à la mémoire de ce tragique événement, que l'exécutif français peine encore à qualifier de crime d'État.
"Pourquoi les gens qui sont pas blancs ont peur des contrôles de police au point de risquer leur vie pour y échapper ? Eh bah figure toi qu’on eu un élément de réponse suite au décès de Marvin à Lausanne, quand on a appris l’existence d’un groupe WhatsApp où les flics de la zone s’envoyaient des trucs bien racistes, homophobes, antisémites, validistes...". Nouvel épisode de Ghetto Blaster, par H-Tône.
Réprimer c'est faire des choix politiques et c’est aussi une méthode de gouvernement. De la protection de la "chose publique" à la lutte antiterroriste, en passant par la gestion carcérale de la délinquance ordinaire, on retrace ce soir les transmutations de la répression d'État avec la chercheuse Vanessa Codaccioni qui vient de publier "Comment les États répriment" aux éditions Divergences
Nouvelles lois, amendes, éléments de langage médiatiques... Dans un rapport, Amnesty International analyse la stratégie méthodique des autorités françaises pour réprimer les militants écologistes.
BRAV-M, un acronyme qui est quasiment entré dans le langage commun depuis la création en 2019 de cette brigade de répression de l'action violente motorisée. La BRAV-M, devenue synonyme d’emploi disproportionné de la force et de violences policières contre les manifestations hostiles à Emmanuel Macron. D’abord dans la répression des gilets jaunes qui ont précisément poussé le préfet de police Didier Lallement à créer cette unité, puis dans la répression des manifestants contre la réforme des retraites.
Répression des militant·es devant le siège d'Amundi : les ONG déposent plainte à l'ONU et dénoncent une dérive autoritaire qui présage du pire avec l'extrême droite aux portes du pouvoir.
En date du 20 juin 2024, Extinction Rebellion France (XR), BLOOM, Greenpeace France, Action Justice Climat Paris (ex Alternatiba Paris), Scientifiques en Rébellion et Attac France, avec le soutien des Amis de la Terre France, GreenFaith et 350.org, ont saisi Michel Forst, le Rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseur·es de l’environnement, d’une plainte pour dénoncer la répression grave et disproportionnée subie par les militantes et militants ayant participé à la mobilisation du 24 mai devant le siège d’Amundi.
Ces faits ont également fait l’objet d’une saisine de la Défenseure des droits, et plusieurs militant·es ont déposé un signalement auprès de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN).
Dans un contexte d’instabilité politique et de percée inédite de l’extrême droite, dont l’arrivée au pouvoir menacerait d’autant plus nos libertés, les organisations dénoncent une dérive autoritaire du gouvernement. Elles rappellent que la désobéissance civile pacifique est un droit protégé au titre du droit international des droits humains et que la répression par l’État « constitue une menace majeure pour la démocratie » selon Michel Forst, qui a également déclaré récemment que « la France est le pire pays d’Europe concernant la répression policière des militants environnementaux ».
Alors que l’État durcit sa criminalisation des mobilisations en soutien de la cause palestinienne, le journalisme dominant légitime ce cours autoritaire et décuple la pression. Dans le premier volet de cette série consacrée au maccarthysme, nous revenons sur le traitement journalistique des interdictions de conférences de La France Insoumise et des convocations policières de deux de ses membres – Mathilde Panot et Rima Hassan – pour « apologie du terrorisme ». Une fuite en avant médiatique.
La manifestation à Sainte-Soline contre les mégabassines, il y a un an, a été un tournant. Elle incarne un changement d’échelle dans les luttes et a contribué à souder le camp écologiste. Quelles leçons politiques en tirer ?
Une répression d’une ampleur démesurée, des centaines de blessés et traumatisés... Le documentaire « Sainte-Soline, autopsie d’un carnage », coproduit par Off Investigation et Reporterre, est désormais en accès libre.
Le 25 mars 2023, une grande manifestation avait lieu à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), pour protester contre une mégabassine en projet. Contestées depuis des années, ces immenses retenues d’eau sont destinées à irriguer de grandes exploitations céréalières. Mais le gouvernement n’entendait pas céder d’un pouce. Pis, il avait préparé une répression d’une ampleur démesurée. Le bilan : plus de 200 blessés, dont plusieurs dans un état tel qu’ils sont restés entre la vie et la mort pendant plusieurs semaines. Cette journée de carnage a aussi accablé le mouvement écologiste, traumatisé par la violence étatique.
L’histoire de cette folle journée, il fallait la raconter en images, en vidéo, il fallait en retracer le déroulement, établir les faits. Contrer, aussi, le récit officiel, par lequel le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a prétendu que les forces policières n’avaient fait que leur devoir face à « l’ultragauche ».
Florian Menesplier, le policier qui a exécuté Nahel à Nanterre le 27 juin dernier, est un agent de la compagnie motocycliste des Hauts-de-Seine. Il avait été décoré par Didier Lallement pour la répression du mouvement des gilets jaunes, et avait fait ses classes dans plusieurs brigades d’intervention ultra-violentes, notamment la CSI 93 mise en cause dans de nombreuses affaires de violences et d’extorsion, ainsi que la Brav-M, escadron de choc de la police parisienne. Il a été remis en liberté en novembre et possède désormais une véritable fortune grâce à une cagnotte lancée par l’extrême droite.
Le 8 décembre 2020, une opération antiterroriste visait 9 militant·es politiques français·es. Les quelques éléments de langage et de procédure distillés dans la presse par la police laissent alors songeur. Une association de Paint Ball, un artificier qui travaille à Disneyland et quelques discussions de fin de soirée où l’on dit tout le mal que l’on pense de la police nationale captées par des micros cachés par la DGSI. À partir du 3 octobre, sept personnes seront jugées à Paris, soupçonnées de participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Afin de mieux saisir les enjeux comme le fond de cette affaire, nous avons reçu cette analyse détaillée et politique du dossier d’instruction.
Hier soir, Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, relayé par le préfet de police de Paris, est monté d’un cran dans l’échelle des attaques à l’autorité judiciaire. Voulons-nous d’une justice qui agit sous l’influence de telle autorité ou tel groupe de pression ? Nous attendons du Président de la République qu’il dénonce fermement cette attaque inédite à la séparation des pouvoirs. Il en va de la sauvegarde de l’État de droit.…
Depuis la publication du rapport Empêcher l’accès à la bassine quel qu’en soit le coût humain, la plupart des réactions officielles ont consisté à tenter d’en disqualifier les conclusions en passant par des remises en cause grossières des conditions de production de ce travail.
Notamment, les nombreuses attaques infondées concernant le statut des observatoires, n’ont servi que de prétextes aux pouvoirs publics afin d’éluder la production de véritables réponses quant aux conclusions de fond établies par ce travail minutieux.
« Pour la fête des hommes libres, ils ont massacré mes amis », écrivait le poète pied-noir et indépendantiste Jean Sénac en souvenir d’une manifestation qui, avant même le déclenchement de la guerre d’Algérie, s’acheva sur une tuerie en plein cœur de la capitale française. Soixante-dix ans plus tard, la mémoire s’en est presque effacée.