Alors que se déroulent jusqu’au 30 janvier les élections dans les chambres d’agriculture, qui désignent les représentants du monde agricole et paysan dans ces instances, Contretemps republie ici un dossier de Campagnes solidaires (n°405 – mai 2024), le mensuel de la Confédération paysanne à propos de l’extrême droite dans le monde agricole.
Il comprend plusieurs articles permettant de revenir sur l’histoire internationaliste de la confédération paysanne (Fanny Métrat), la manière dont le monde paysan a été confronté aux « chemises vertes », un mouvement fascisant dans les années 1930 (Gaël Blanc) ou encore la manière dont « l’extrême droite gagne du terrain dans le monde agricole » (Sophie Chapelle).
Plusieurs articles sont consacrés à différentes régions en particulier : du Midi à l’Ouest, c’est la manière dont l’extrême droite s’affiche auprès des agriculteur·ices en colère ou met en œuvre des actions ponctuelles. Sophie Chapelle rappelle ensuite à quel point les propositions du RN s’inscrivent dans une logique productiviste à rebours du projet de l’agriculture paysanne. Finalement, les derniers articles du dossier reviennent sur les contours du projet de la confédération paysanne (Stéphane Galais), et son implication aux côtés des travailleuses et des travailleurs saisonniers migrants (Sophie Chapelle).
Tandis que la Coordination rurale est mise en avant par les médias comme une interlocutrice privilégiée, nous publions ce dossier pour rendre compte de ces accointances avec l’extrême droite, que des initiatives récentes ont encore révélé ; par exemple, dans le Tarn-et-Garonne, la Coordination rurale a fait venir Eric Zemmour pour une réunion publique le 15 novembre 2024 et a bénéficié d’une large couverture médiatique, notamment de Cnews ; ou encore, la vice-présidente de la Coordination rurale (Sophie Lenarts) a participé à l’université de l’Action Française à la fin du mois d’août.
Ce ne sont que quelques exemples récents, qui révèlent une imprégnation profonde et des relais de l’extrême droite dans des fractions de plus en plus visibles du syndicalisme agricole.
La semaine dernière, pour la plus grande satisfaction de la presse et des médias mainstream qui se sont comme nous le verrons chaudement félicités de ce sauvetage en le présentant comme un gage de raison et de sagesse, le gouvernement Bayrou a survécu à la motion de censure présentée par la gauche.
Il a plus précisément été sauvé par le Parti socialiste et le Rassemblement national, qui ont conjointement refusé de voter cette censure.
À l'Université Sorbonne Paris Nord, la présidence a interdit la tenue d'une conférence de Pascale Boniface sur son livre {Israël-Palestine, une guerre sans limites}. Un nouveau cas de censure, qui illustre la poursuite de la répression envers les étudiants qui veulent parler du génocide en Palestine à l'université.
Ce lundi, quelques heures avant de quitter la Maison Blanche, l’ex-président des États-Unis, Joseph Biden a commué la peine de M. Léonard Peltier, incarcéré depuis 1977. Ce militant, membre des tribus sioux et de l’American Indian Movement, condamné à perpétuité pour le meurtre de deux agents du FBI en 1975, avait toujours proclamé son innocence. « Il apparaît de plus en plus que le véritable crime de Léonard Peltier est d’être un Indien et d’avoir eu le tort de défendre les droits essentiels de ces peuples premiers avec lesquels l’Amérique n’a pas encore réglé sa dette historique », écrivait Jean-Marc Bertet en 2002.
Comment le "Charlisme" s'est-il transformé en dix ans ? Charlie Hebdo est-il encore fidèle à son esprit originel ou devenu autre chose ?
Le 7 janvier 2015, la France était frappée en plein cœur. L’attaque terroriste contre Charlie Hebdo a marqué une rupture historique et déclenché une vague d’émotion sans précédent. Des millions de personnes ont brandi le slogan “Je suis Charlie”, mais que signifiait-il vraiment ? Dix ans plus tard, où en sommes-nous ?
Dans cette nouvelle édition de “L’invité de Moumou”, Mourad Guichard et Théophile Kouamouo reçoivent Daniel Schneidermann, journaliste et auteur, fondateur du média spécialisé “Arrêt sur Images” et célèbre critique télé. Dans son livre Le Charlisme raconté à ceux qui ont jadis aimé Charlie, il analyse l’évolution de Charlie Hebdo, de son lectorat et du phénomène sociologique qu’il nomme “Charlisme”. Ce concept dépasse aujourd’hui le journal lui-même : il incarne un rapport assez particulier, voire problématique, aux valeurs républicaines, à la liberté d’expression et aux fractures de notre société. Comment le "Charlisme" s'est-il transformé en dix ans ? Charlie Hebdo est-il encore fidèle à son esprit originel ou devenu autre chose ?
Dans cet échange passionnant, entrecoupé d’extraits télévisés qui “racontent” comment la commémoration des attentats a été “récupérée” par des factions conservatrices voire islamophobes, nous revenons sur l’héritage de Charlie Hebdo, les débats qu’il suscite toujours, et la mémoire collective de ces événements tragiques.
Comment CNews, "Le Figaro" ou le "JDD" reprennent les éléments de langage du camp Sarkozy.
Dans l'affaire des financements libyens de sa campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy est soupçonné de corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs. Son procès s'est ouvert le 6 janvier - tout comme la valse des médias qui reprennent à leur compte les arguments de la défense de l'ancien président.
En annonçant un « conclave » de 3 mois pour négocier des améliorations « sociales » de la réforme des retraites, François Bayrou a pris de court les socialistes, les obligeant à discuter de l’inacceptable.
Il y a eu comme un espoir. Vague, certes, mais tout de même. Depuis quelques jours, la macronie semblait prête à remettre sur la table le sujet de la réforme des retraites. Jusque-là, elle restait arc-boutée sur ce totem injuste et antisocial depuis son adoption en force, au printemps 2023. C’est, du moins, ce qu’ont cru les socialistes dont la crédulité n’a d’égal que le coup de Trafalgar que leur a adressé François Bayrou lors de son discours de politique générale.
Incroyable causerie: forte, profonde, émouvante. Quand raison d'Etat et nécessité humanitaire s'entrechoquent.
Ils ont 5 ou 6 ans, prisonniers dans des camps en Syrie. Leur tort: être né de parents (souvent pères) accusés de terrorisme ou d’avoir servi Daesh. Avocate du collectif Familles unies, Marie Dosé se bat pour leur raptriement. Elle a fait condamner la France par la Cour Européenne, par le Comité International des Droits de l’Enfant, par le Comité contre la Torture des États-Unis. Aujourd’hui, elle estime que la chute d’Assad offre une occasion inespérée de faire revenir ces gamins, et leurs mères. Elle nous a dit comment.
Xénophobie sans limites, mépris décomplexé des pauvres, violence outrancière et immodérée contre la gauche… Personne ne semble pouvoir arrêter le grand n’importe quoi sur les plateaux télés des milliardaires. Comment en est-on arrivé là ? Mi-octobre 2016, devant le siège de Canal +, cela fait 15 jours que les journalistes d’I-Télé, la chaîne info du groupe, sont en grève. Leurs revendications ? Pouvoir travailler en toute indépendance vis-à-vis du nouvel actionnaire du groupe, Vincent Bolloré. Depuis quelques semaines, il veut imposer en vitrine de leur chaine d’info un animateur controversé, Jean-Marc Morandini, alors accusé de harcèlement sexuel.
A l’issue de cinq semaines de grève et face à l’obstination de Bolloré, les trois quarts de la rédaction quittent la chaîne. Pour faire rentrer dans le rang les derniers récalcitrants, la nouvelle direction emmenée par Serge Nedjar, un fidèle de Bolloré, va déployer un management brutal et autoritaire. Pour Off Investigation, des journalistes de l’époque ont accepté de témoigner de ce management par la peur. Tous ont requis l’anonymat pour évoquer des humiliations publiques, remontrances, harcèlement professionnel qu’ils estiment avoir subi. Après cette reprise en main d’I-Télé qui deviendra CNews début 2017, toutes les chaînes d’information privées se trouvent désormais entre les mains de puissants milliardaires, tous classés à droite, voire à l’extrême droite.
Ils ne vont pas tarder à instrumentaliser leurs médias pour soutenir la politique pro-business du nouveau président Emmanuel Macron, quitte à pointer du doigt certaines catégories de la population qu’il conviendrait de mépriser, voire de mettre sous pression.
Dans cette interview, réalisée pour le podcast Los monstruos andan sueltos, Verónica Gago analyse la portée de ce qu’elle définit comme « restauration patriarcale » et fait référence au processus de masculinisation de la politique : « Des composants politiques alliés continuent à mettre la progression de l’extrême-droite sur le dos des féminismes ».
La concentration des médias s’accélère en France sous l’influence de quelques milliardaires qui possèdent des journaux, radios, télés. Qui sont-ils ? Quel contrôle exercent-ils sur ce bien public qu’est l’information. Décryptage.
Le secteur de la presse en France continue d’être une sorte de Monopoly pour milliardaires en quête d’influence. Journaux, télés, radios… En une décennie, la concentration des médias n’a fait que s’intensifier, et une poignée de milliardaires se partagent le gâteau, ou se revendent titres et chaînes de télé.
Plus de 90 % des exemplaires de quotidiens nationaux vendus chaque jour dans leur version papier appartiennent directement ou partiellement à une poignée d’ultra-riches. Nous avons calculé ce chiffre à partir de la diffusion annuelle des huit quotidiens nationaux : Le Monde, Le Figaro, Aujourd’hui en France, L’Équipe, Les Échos, Libération, La Croix et L’Humanité. Ces deux derniers titres mis à part, les autres journaux ont pour propriétaires ou actionnaires un ou plusieurs milliardaires.
«Je n’ai rien à cacher. J’ai torturé parce qu’il fallait le faire». Ce sont les mots de Jean-Marie Le Pen en 1962, dans le journal Combat.
Oui, Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front National et père de la double finaliste des dernières élections présidentielles est un tortionnaire. Il est coupable de crimes contre l’humanité au sens du droit international. De nombreux témoignages confirment que le parrain de l’extrême droite française a bien commis des actes de torture et de barbarie ignobles, jusqu’au meurtre, sur des personnes algériennes en 1957 lors de la Guerre d’Algérie.
Alors que l’état d’exception, c’est-à-dire « l’exception au principe de l’État de droit », semble s’imposer comme la réponse « technique » à tous les défis (terrorisme, pandémies, crises de la démocratie représentative,…), Eugénie Mérieau en propose une analyse historique, juridique et géopolitique.
Elle explique tout d’abord que l’état d’exception a pour effet juridique « objectif » de concentrer le pouvoir aux mains de l’exécutif, et comme effet juridique « subjectif » de suspendre les droits et les libertés individuels garantis. S’il a pour « ancêtres antiques et médiévaux » la dictature romaine et les différentes conceptions de l’État de nécessité, il appartient avant tout à la tradition libérale de l’État de droit et naît avec les Lumières. Son ancêtre direct est la loi martiale, d’invention britannique, qui consiste en un triple-transfert, en temps de paix, du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire des autorités civiles vers les autorités militaires. Tout comme la dictature romaine s’exerçait en état d’urgence à l’intérieur des frontières de la ville où aucune formation militaire ne pouvait pénétrer armée en temps ordinaire, et en permanence aux frontières de l’empire, la pensée libérale établit une distinction et une coexistence entre différents ordres juridiques, en fonction des territoires et des populations concernées.
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« L’état d’urgence n’est pas une aberration ou anomalie dans une histoire linéaire de progrès vers les droits de l’homme et la démocratie… Il est la condition même de cette histoire, de ce « conte de fée » libéral, qui doit rester caché dans la périphérie, comme on cache les canalisations d’évacuation des eaux usées… sans lesquelles pourtant rien ne fonctionne et tout suinte de façon pestilentielle. » Avec cet exposé extrêmement clair et synthétique, Eugénie Mérieau replace l’état d’urgence, « zone d’ombre de la pensée libérale », au centre de la théorie et de la pratique du droit libéral : « L’état d’urgence produit de l’exclusion pour mieux pouvoir clamer l’universalisme de l’État de droit. »
Le Parti Pirate français a été informé par un lanceur d’alerte de l’ajout d’un dispositif de « mouchard », ou « porte dérobée » (backdoor), dans les logiciels médicaux utilisés par les médecins français, sous la houlette de l’Agence du Numérique en Santé (ANS).
Ce dispositif imposé aux éditeurs de logiciels médicaux, décrit dans un document de travail titré « Référentiel d'Exigences Minimales LGC MDV Vague 2 », permettra à l’administration d’accéder aux données des dossiers médicaux des patients sans avoir à obtenir leur consentement, ni celui des professionnels de santé.
Il fait partie des exigences à respecter par les éditeurs de logiciels de gestion de cabinet pour obtenir le label « Ségur vague 2 », et les financements liés.
Il s’agit là d’une évolution notable par rapport à la situation antérieure, appelée « Ségur vague 1 », qui rendait explicite la transmission d’informations par les personnels de santé à l’administration et permettait ainsi son blocage.
Le Parti Pirate, défenseur des libertés individuelles et de la vie privée, considère cette mesure comme une nouvelle atteinte aux droits fondamentaux des citoyens, notamment en matière de protection de la vie privée et de confidentialité des informations médicales, ouvrant la porte à des abus de pouvoir…
Une atteinte à la confidentialité des soins médicaux
L’introduction dans les systèmes informatiques médicaux de ce dispositif, nommé "trigger" dans la documentation technique, met en péril la relation de confiance entre les patients, les professionnels de santé et l’administration.
La confidentialité des données médicales est un principe fondamental du système de santé, qui garantit aux patients que leurs informations personnelles seront traitées avec le plus grand respect. Le Parti Pirate estime qu’en introduisant une telle fonctionnalité dans les logiciels médicaux, le gouvernement compromet cette confiance et s’arroge le droit de procéder à une surveillance injustifiée et disproportionnée.
Les données de santé ne doivent pas être utilisées à des fins de surveillance généralisée. Leur accès doit être réservé aux professionnels médicaux concernés et avec le consentement explicite des patients.
Quand Mediapart a révélé l’affaire libyenne en 2011, personne n’y croyait. Quatorze ans et quelque 160 articles plus tard, certains doutent encore, tant les faits défient le sens commun.
« Si c’était une série, on dirait que le scénario est invraisemblable », plaide déjà Nicolas Sarkozy. Pourtant, après une enquête minutieuse, la justice a renvoyé l’ancien président, trois de ses anciens ministres et neuf autres prévenus devant le tribunal. Le procès, historique, suivi par des médias du monde entier, se tient du 6 janvier au 10 avril 2025.
Vous retrouverez ici les comptes-rendus, écrits et vidéos, vous permettant de suivre au jour le jour le procès avec les journalistes qui ont révélé et chroniqué l’affaire. Ainsi que les repères chronologiques, anecdotes, phrases-cultes, documents clés et biographies des principaux protagonistes de cette histoire : peut-être la plus folle et la plus grave qu’ait connu la Vᵉ République.