Face à la défaite de son camp aux élections européennes, Emmanuel Macron expliquait devant un parterre de journalistes le 12 juin qu'il assumait « engager un mouvement de clarification » en ayant dissous l'Assemblée nationale, convoquant des législatives éclaires trois semaines plus tard.
Trois semaines d'aboiements médiatiques s'en sont suivi, tentant de disqualifier le seul bloc qui pourrait faire face à la vague d'extrême droite : le Nouveau Front populaire. Inlassablement, les mêmes éléments de langage en boucle sur les plateaux : « extrême gauche », « antisémite », « une union qui ne vaut pas mieux que l'extrême droite », « cordon sanitaire autour de LFI », ou encore "ennemi politique". Toutes les stratégies de communication sont bonnes pour tenter de sauver ce qui peut l'être, dans la rhétorique du « moi ou le chaos ».
Ce président, qui se présentait 7 ans plus tôt comme le rempart à l'extrême droite a finalement précipité son accession au pouvoir, en 9’57 minutes chrono.
Le saviez-vous, « bleu, blanc, rouge, la France aux français » n’est pas un slogan du Front National. En tous cas, pas un slogan officiel, parce qu’il n’est pas rare de l’entendre dans la sphère nationaliste. Mais alors si il n’est pas l’apanage du principal parti d’extrême droite français, d’où vient-il ?
On tire le fil ensemble pour découvrir ça.
Eugénie Mérieau, juriste, politiste, constitutionnaliste, enseignante à l’université de Paris 1, a récemment publié deux ouvrages : La dictature, une antithèse à la démocratie ? et Géopolitique de l’état d’urgence. Sous couvert de petits livres sur le droit et les régimes politiques - sujet qui généralement nous échappent par leur formalisme et leur rigorisme tout abstrait -, ce sont peut-être les textes les plus denses, diaphanes et radicaux, les plus heureusement et puissamment critiques de la « tradition libérale-impériale » qu’on ait pu lire depuis bien longtemps. Dans cet entretien, non seulement la démocratie libérale représentative ne nous apparaît plus comme l’antithèse de la dictature mais comme l’une de ses modalités possibles ; mais la dictature même, par l’étude comparative des régimes politiques, se voit revêtue de toutes les propriétés que valorise en réalité le néo-libéralisme économique et ses critères de sanctification.
« Une autre caractéristique souvent associée au syndrome narcissique tient au désir de rester au pouvoir à vie. Or, la présidence à vie est également rationnelle : une fois hors du pouvoir miroite la perspective d’une condamnation, d’un assassinat, d’une saisine des biens ou les trois à la fois. (…) les dictateurs sont en ce sens les prisonniers de leur passé répressif. Pour la plupart d’entre eux, il n’y a pas d’« exit strategy », à l’exception de l’exil »
Alors que le choix d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale au lendemain des élections européennes risque de renforcer le poids de l’extrême droite, nous partageons l’inquiétude exprimée par beaucoup face au risque important que ce tremblement de terre politique fait peser sur la démocratie et les libertés. L’idéologie du Rassemblement National, entièrement tournée vers la création de droits différenciés sur des fondements racistes et réactionnaires, ne peut exister sans une structure de pouvoir forte et centralisée. C’est pourquoi nous ne doutons pas qu’un gouvernement d’extrême droite utilisera et renforcera la surveillance de la population pour exercer son pouvoir. Il aura, par exemple, besoin du fichage pour identifier les personnes à qui retirer des droits, de l’écosystème de surveillance pour traquer les personnes qu’il veut expulser, maltraiter ou enfermer ou encore des lois de censure et coercitives pour faire taire les oppositions anti-fascistes.
Le ralliement de l’ancien « chasseur de criminels nazis » Serge Klarsfeld aux héritiers de Vichy et de l’OAS rappelle ce qui s’est passé en France juste avant la Deuxième Guerre Mondiale. En pleine crise sociale et idéologique, le patronat, les partis politiques de droite et de nombreux intellectuels avaient soutenu le nazisme comme « solution ». Et beaucoup avaient poussé jusqu’au bout la collaboration en participant plus tard activement à la « Solution finale ».
Ce qui semble nouveau en 2024, c’est que de nombreuses personnalités juives prétendant parler au nom des Français juifs, participent à pareil processus. Klarsfeld a une position extrême mais il n’est pas isolé : le grand rabbin Korsia et la direction du CRIF contribuent à une redéfinition de l’antisémitisme en considérant que c’est la gauche (et en particulier la France Insoumise) qui serait antisémite alors que le Rassemblement National serait devenu un parti « républicain ». Un oubli du passé ? Et beaucoup de personnalités juives, sans doute contaminées par leurs nouveaux amis, versent dans le racisme le plus débridé.
Le 27 juin 2023, Nahel Merzouk, 17 ans, était tué par un policier à Nanterre. Un an après, INDEX révèle une reconstitution détaillée des circonstances de l’homicide de Nahel Merzouk.
Cette enquête sera publiée en deux temps. La première partie de l’enquête, que nous publions aujourd’hui, présente une analyse approfondie des vidéos de trois témoins, croisée avec les informations contenues dans le dossier judiciaire de l’affaire, que l’équipe d’INDEX a pu consulter. Dans un modèle numérique en 3D, nous avons reconstitué les positions et les gestes des deux policiers impliqués dans l’homicide de Nahel Merzouk.
La deuxième partie de l’enquête, qui présentera une étude balistique et une analyse dynamique des positions du véhicule, sera publiée début juillet 2024.
L’incroyable nouvelle est tombée dans la nuit, confirmée par Stella Assange et WikiLeaks : Julian Assange est libre. Il a quitté la prison à haute sécurité de Belmarsh le matin du 24 juin, après y avoir passé 1 901 jours. Il a été libéré sous caution par la Haute Cour de Londres et a été conduit à l’aéroport de Stansted dans l’après-midi, où il est monté à bord d’un avion et a quitté le Royaume-Uni pour les îles Mariannes avant de regagner son Australie natale.
Pour que ses oppresseurs puissent garder un peu la face, il va devoir « plaider coupable » pour les révélations de WikiLeaks (sur les crimes de guerre et les tortures des États-Unis essentiellement) et devrait être condamné à une peine équivalente à ce qu’il a déjà passé en prison et donc être libéré dans la foulée.
Les premières images de Julian Assange à l’aéroport de Londres Stansted à 17 heures (BST) ce lundi 24 juin 2024.
Gideon Levy : « Il tue un adolescent palestinien et reçoit un Doctorat Honorifique pour Héroïsme Israélien » Jonathan Cook : Quand l’Occident qualifie de « succès » le massacre de 270 Palestiniens Fareed Taamallah : Alors que Gaza est victime d’un génocide physique, la Cisjordanie est confrontée à un génocide économique Les raids israéliens à Gaza ont probablement violé à plusieurs reprises…
Les images de CRS passifs et semblant protéger des néo-fascistes armés et masqués aux prises avec des manifestants ont semé le trouble : des policiers d'extrême droite seraient-ils en train de se lâcher avec la possibilité que leur camp accède au pouvoir ? Certains, dans les forces de l'ordre, dénoncent la prégnance d'idées racistes et xénophobes. Le plus souvent sous couvert d’anonymat : les lanceurs d'alerte sont ostracisés et subissent des pressions.
Calcul économique largement méconnu, l’actualisation est utilisée quotidiennement par les entreprises et les gouvernements pour prendre des décisions sur le futur… au détriment de ce dernier. Démonstration signée Liliana Doganova, chercheuse et autrice de l’ouvrage Discounting the Future, récemment paru en anglais aux éditions Zone Books (distribution Princeton University Press).
Incendies, sécheresses, montée des eaux… « Avons-nous perdu notre capacité à agir pour le futur ? » Telle est la question, vertigineuse mais passionnante, que pose Liliana Doganova dans son dernier ouvrage paru en anglais aux éditions Zone Books (distribution Princeton University Press) et encore non-traduit en français, Discounting the Future.
Pour cette professeure et chercheuse au Centre de Sociologie de l’Innovation à l’Ecole des Mines de Paris, la réponse se situe dans les engrenages d’un dispositif de calcul relativement méconnu mais d’une importance cruciale : l’actualisation. Soit la manière dont les secteurs public et privé valorisent économiquement les biens et les services « à travers les flux de coûts et de bénéfices qu’ils sont susceptibles de générer dans le futur, ces flux futurs étant littéralement décomptés au fur et à mesure qu’ils se traduisent dans le présent ». Comment en sommes-nous arrivés là ? De quoi cette logique est-elle le nom ? Et surtout est-il possible d’entretenir une autre relation à l’avenir ? Entretien.
Répression des militant·es devant le siège d'Amundi : les ONG déposent plainte à l'ONU et dénoncent une dérive autoritaire qui présage du pire avec l'extrême droite aux portes du pouvoir.
En date du 20 juin 2024, Extinction Rebellion France (XR), BLOOM, Greenpeace France, Action Justice Climat Paris (ex Alternatiba Paris), Scientifiques en Rébellion et Attac France, avec le soutien des Amis de la Terre France, GreenFaith et 350.org, ont saisi Michel Forst, le Rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseur·es de l’environnement, d’une plainte pour dénoncer la répression grave et disproportionnée subie par les militantes et militants ayant participé à la mobilisation du 24 mai devant le siège d’Amundi.
Ces faits ont également fait l’objet d’une saisine de la Défenseure des droits, et plusieurs militant·es ont déposé un signalement auprès de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN).
Dans un contexte d’instabilité politique et de percée inédite de l’extrême droite, dont l’arrivée au pouvoir menacerait d’autant plus nos libertés, les organisations dénoncent une dérive autoritaire du gouvernement. Elles rappellent que la désobéissance civile pacifique est un droit protégé au titre du droit international des droits humains et que la répression par l’État « constitue une menace majeure pour la démocratie » selon Michel Forst, qui a également déclaré récemment que « la France est le pire pays d’Europe concernant la répression policière des militants environnementaux ».
« En ce qui concerne les opérations militaires et les attaques d'Israël à Gaza à partir du 7 octobre, nous concluons que les autorités israéliennes sont responsables de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme », a déclaré Pillay.
Ces crimes comprennent « l'extermination, le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des civils et des biens à caractère civil, le meurtre ou l'homicide volontaire, l'utilisation de la famine comme arme de guerre, le transfert forcé, la persécution sexiste visant les hommes et les garçons palestiniens, la violence sexuelle et sexiste assimilable à la torture, et les traitements cruels ou inhumains ».
Dans un rapport présenté au Conseil des droits de l'homme, la présidente de la commission d'enquête des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés a déclaré que le monde était confronté au plus grand risque d'impunité pour les violations du droit international, à moins que les auteurs ne soient tenus de rendre des comptes et que justice ne soit rendue à toutes les victimes.
« L'attaque du 7 octobre en Israël et l'opération militaire israélienne qui s'en est suivie à Gaza, ne sont pas venues de nulle part. Elles ont été précédées par des décennies de violence et de représailles, de spoliation, d'occupation illégale et de déni du droit des Palestiniens à l'autodétermination », a déclaré Pillay.
Emmanuel Macron a fait son choix. Un pari stupide qui risque de transformer le marchepied, qu’il met en place pour l’extrême-droite depuis des années, en fusée. La dissolution de l’Assemblée nationale peut porter le RN à Matignon et lui assurer une victoire en 2027 grâce à un accès à des outils de surveillance numérique que nous dénonçons depuis 2011.
Pour comprendre la montée de l'extrême droite, il faut s'intéresser à la place donnée à cette idéologie dans l'espace public.
Vincent Bolloré et son empire médiatique ont porté la montée de l’idéologie d’extrême droite dans l’espace public, explique l’historien des médias Alexis Lévrier dans un entretien pour The Conversation.
Vincent Bolloré a réussi à obtenir gratuitement la fréquence de Direct 8 (en 2002), puis il a racheté Virgin 17, qui devient Direct Star. Ce qui est assez incroyable, c’est le fait d’avoir pu les revendre ensuite à Canal+ en 2012, en faisant une plus-value spectaculaire, qui constitue l’une des plus grosses opérations de spéculation de l’histoire des médias sur un actif appartenant à l’État (465 millions d’euros). Les ferments de son empire ont donc été construits à partir d’une fréquence qui lui a été attribuée gratuitement par la puissance publique. Car c’est en partie cet argent (et surtout les actions négociées au moment de ce rachat) qui lui ont ensuite permis d’acquérir Canal+ en 2015-2016 : après être entré discrètement au capital de Vivendi, il a peu à peu grignoté l’ensemble du groupe...
On est parfois tenté de biologiser l’histoire, d’y voir des récidives et des cycles de maladies. Mais depuis un certain temps, on a envie de la psychiatriser. La dissolution de l’Assemblée nationale a fait remonter cette question essentielle : la politique, celle du macronisme, est-elle une perversion narcissique ? Quoi qu’il en soit, il faut rappeler cet avertissement de Racamier : « il n’y a rien à attendre de la fréquentation des pervers narcissiques, on peut seulement espérer s’en sortir indemne ».
Culture de droite est le dernier ouvrage publié du vivant de Jesi. Les concepts de Jesi forgés dans d’autres livres sont ici présents, celui, notamment de « machine mythologique », et fonctionne comme une méthode originale de compréhensions des mythologies de la droite. Qu’est-ce que cette « machine mythologique » et comment Jesi a-t-il construit sa méthode ?
Quelques heures après avoir offert au Rassemblement national la plus spectaculaire victoire électorale de son histoire et dissous l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron, très content de lui, a fait, à Oradour-sur-Glane, village martyr anéanti par les Waffen SS, une déclaration stupéfiante de brutalité et d’indécence.
Face à l'alternative qui se décide lors des législatives anticipées, la bourgeoisie médiatique semble avoir fait son choix.
24 heures après la monumentale raclée subie par le parti présidentiel aux élections européennes et la dissolution de l’Assemblée Nationale décidée par le président Macron, celui-ci a réussi, pour la deuxième fois en deux ans, l’exploit d’unir électoralement la gauche contre lui. Sous le nom du Nouveau Front Populaire, les principaux partis de gauche, centre-gauche et gauche radicale, se sont unis pour discuter d’un programme commun, en vue des législatives anticipées, qui auront lieu le 30 juin et le 7 juillet. Comme on pouvait s’y attendre, le fameux « arc-républicain » – à savoir, la droite et l’extrême droite – nous a de nouveau fait part de ses jérémiades devant cette union. D’autre part, Ciotti et une partie des « Républicains » se proposent pour servir de force d’appoint à l’extrême droite. Rien d’inédit, si l’on regarde ce qu’il s’est passé au XXe siècle.