De Jean-Michel Blanquer à Muriel Pénicaud en passant par Julien Denormandie, plus de la moitié des anciens ministres et secrétaires d’État d’Emmanuel Macron ont rejoint le secteur privé à leur sortie du gouvernement. Un grand nombre d’entre eux ont créé des sociétés de « conseil » pour monnayer leur expérience des arcanes du pouvoir en toute discrétion.
Si la pratique des « pantouflages » et des reconversions d’anciens ministres dans le secteur privé n’est pas nouvelle en France et ne date pas de l’accession d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, l’élection de 2017 aura tout de même marqué un cap symbolique. Ouverture à la société civile selon les uns, soumission de l’État à une « caste » emmenée par un ancien banquier de Rothschild selon les autres, une chose reste sûre : jamais les « portes tournantes » entre l’État et le secteur privé n’avaient été aussi massivement empruntées.
C’est ce dont témoigne, outre le parcours du locataire de l’Élysée lui-même, celui de ses premiers ministres successifs. Édouard Philippe, en sus de sa carrière politique, est à l’origine un haut fonctionnaire du Conseil d’État qui a travaillé pour un cabinet d’avocats d’affaires, puis en tant que responsable des affaires publiques – autrement dit lobbyiste en chef – du groupe nucléaire Areva. Après avoir quitté Matignon, il a intégré le conseil d’administration du groupe Atos. Jean Castex, pour sa part, a pris la direction de la RATP après avoir brièvement fondé une société de conseil. L’actuelle Première ministre Élisabeth Borne a alterné divers postes dans des cabinets ministériels ou à la mairie de Paris avec des passages au sein de grands groupes – la SNCF, le groupe de BTP Eiffage, puis la RATP.