Prisée par les ONG, les colibris et les journalistes aussi bien que par les gouvernements bourgeois et les multinationales fossiles, la religion des écogestes est devenue l’entrée principale dans la cause environnementale. Pourtant, à l’examen, elle s’avère absolument délétère. L’approche sociologique démontre que l’écocitoyenneté morale accroît la violence symbolique qui pèse sur les classes populaires, et les sciences cognitives qu’elle détourne l’individu de l’action systémique aujourd’hui nécessaire. Il est donc temps de se débarrasser de ce paradigme paresseux, véritable Cheval de Troie des néolibéraux pour désagréger l’action collective.
Auteur de Technopolice, Félix Tréguer, chercheur au CNRS et membre de La Quadrature du Net, analyse l’accouplement de la machine et de la police. Entre Nice, Marseille et Denver, le constat apparaît terrifiant. Les bonds technologiques permettent d’enserrer de plus en plus la population, avec des formes de contrôle pas si éloignées du modèle chinois. Malgré tout, le réel et la rue résistent.
Dans cette interview, réalisée pour le podcast Los monstruos andan sueltos, Verónica Gago analyse la portée de ce qu’elle définit comme « restauration patriarcale » et fait référence au processus de masculinisation de la politique : « Des composants politiques alliés continuent à mettre la progression de l’extrême-droite sur le dos des féminismes ».
Emmanuel Macron a enfin pris sa décision : Michel Barnier, vieux baroudeur de la droite, est nommé Premier ministre. Cette décision vient définitivement acter le déni de démocratie du président de la République qui, malgré des supposées consultations, a refusé de nommer Lucie Castets, la candidate de la formation politique arrivée en tête aux élections législatives. Une pratique du pouvoir contre la démocratie qui, dans le mouvement néolibéral dont Emmanuel Macron est un membre éminent, apparaît comme une constante. Le coup d’État d’Augusto Pinochet, au Chili en 1973, est un laboratoire du genre. Le premier réflexe de la junte militaire a été d’abroger la précédente Constitution pour, dans un second temps, en produire une nouvelle sur-mesure, à partir de rien, en 1980. Un héritage perpétré par Javier Milei, le président de l’Argentine. Contexte différent, méthode différente : devant l’impossibilité d’écrire une nouvelle constitution, il opte pour le contournement et la réforme. Une dynamique qui raisonne avec l’exercice du pouvoir des gouvernements sous Emmanuel Macron qui enchaînent les 49.3 et poussent à leurs limites les articles les plus autoritaires de la Ve République. Quitte à jouer avec les frontières de la légalité. Pour lutter contre cette « nouvelle raison du monde » anti-démocratique, notre invité, le philosophe Pierre Dardot, travaille autour de « l’imaginaire des communs ». Une proposition loin d’être seulement théorique : de nombreuses pratiques concrètes s’ancrent déjà dans cette logique, à l’image du mouvement des Soulèvements de la Terre.
L’ultra-libéralisme produit une dépolitisation en masse. La philosophe Caëla Gillespie fait paraître aux éditions du Bord de l’eau Manufacture de l’homme apolitique, un ouvrage dans lequel elle décortique les ressorts de l’impuissance collective, et tout le vocabulaire qui y conduit, pour mieux retrouver des chemins de l’action.