Dans la guerre déclarée au Nouveau Front populaire (NFP) par un front éditocratique en roue libre, les interviews sont des moments stratégiques. Pendant la campagne des élections législatives, le NFP a eu droit à un temps d’antenne, dans des médias de plus en plus explicitement hostiles. Comment tendre un micro sans donner la parole ? Démonstration.
La contre-insurrection est une méthode de répression théorisée par l’État français depuis la Guerre d’Algérie. Cette doctrine politique et militaire vise à obtenir le soutien de la population dans le cadre d’un conflit entre les autorités et leurs adversaires. La guerre contre-insurrectionnelle repose sur deux principes : frapper le plus violemment possible les opposant-es et, en parallèle, les isoler en menant des actions de propagande pour obtenir l’adhésion des habitant-es. Cette guerre dans les esprits est autant, voire plus importante que la guerre sur le terrain militaire. Il s’agit «d’opérations psychologiques», ou «psy-op». Cette doctrine a été utilisée lors des guerres coloniales et anti-communistes, puis exportée dans de nombreux régimes autoritaires. Elle est désormais appliquée partout.
Entre injonctions et prescriptions, un journalisme de maintien de l'ordre.
La séquence médiatique qui fait suite à la mort de Nahel et aux émeutes dans les quartiers populaires est exemplaire à plus d’un titre. Discussions à sens unique sur des plateaux uniformes, reprise sans distance de la communication préfectorale, sources « non officielles » contestées, pénurie d’analyse et images chocs en boucle ont été les ingrédients d’une soupe peu ragoutante. La plupart des médias ont aussi multiplié injonctions et prescriptions à l’égard de leurs invités qui contestaient la lecture policière et sécuritaire qui s’imposait partout : toute personne refusant d’appeler au calme était automatiquement rappelée à l’ordre.
À l'Assemblée nationale, lundi 10 juillet 2023, lors de la commission "Organisation des groupuscules violents en manifestation : Table ronde des entreprises de réseaux sociaux", Sarah Bouchahoua (1), la responsable des affaires publiques de Snapchat explique avoir travaillé conjointement avec le ministère de l'Intérieur et les forces de l'ordre, pour modérer les contenus et promouvoir du contenu anti-manifestation, dans les derniers jours des émeutes ; “l'ensemble des stories publiées sur la map, c'étaient des utilisateurs qui se plaignaient des émeutes”.
(1) Sarah Bouchahoua a été la collaboratrice de l'ex-députée LREM Laetitia Avia.