Dans la guerre déclarée au Nouveau Front populaire (NFP) par un front éditocratique en roue libre, les interviews sont des moments stratégiques. Pendant la campagne des élections législatives, le NFP a eu droit à un temps d’antenne, dans des médias de plus en plus explicitement hostiles. Comment tendre un micro sans donner la parole ? Démonstration.
Rédigé à la manière d’un business plan de start-up, le document élaboré par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin et ses proches au sein de Périclès décrit, étape par étape, l’installation à tous les échelons du pouvoir d’une alliance entre l’extrême droite et la droite libérale-conservatrice. L’Humanité en dévoile de larges extraits qui, dans les circonstances politiques actuelles, sont plus que jamais d’intérêt public.
Avec le journaliste australien Antony Loewenstein, nous nous penchons sur la négociation de peine et la libération de Julian Assange, ainsi que sur la réaction de l’Australie, pays d’origine de Julian Assange, suite à sa libération et nous poserons la question du legs de WikiLeaks, qui, selon lui, a contribué à ouvrir la voie aux lanceurs d’alertes et aux responsables en matière de fuites à l’ère du journalisme numérique. Loewenstein, auteur du livre The Palestine Laboratory [Le laboratoire de la Palestine, NdT], évoque également la situation de la liberté de la presse dans le cadre de la guerre d’Israël contre Gaza. L’armée israélienne ne considère pas les journalistes palestiniens comme des journalistes, affirme-t-il. Au contraire, elle les considère comme des « terroristes » afin de justifier le ciblage dont ils font l’objet, une question qui, selon Loewenstein, devrait davantage interpeller les médias occidentaux.
« Plutôt Hitler que le Front populaire. »
Il semble bien que les campagnes médiatiques contre les candidats de gauche soient devenues de simples routines journalistiques. On se souvient du « cauchemar » Benoît Hamon lors de la « primaires citoyenne » en 2017, de la panique Sandrine Rousseau avant l’élection présidentielle de 2022, ou de la haine anti-Nupes au moment des législatives de 2022. À quelques jours du second tour des élections législatives de 2022, le rédacteur en chef du Figaro Guillaume Tabard résumait ainsi la campagne médiatique contre la Nupes : « D’un point de vue tactique, Macron doit susciter un front anti-Mélenchon, c’est-à-dire convaincre les électeurs de droite, de la gauche modérée et même lepénistes, de faire barrage à la gauche radicale. » Ce mot d’ordre avait eu du succès dans les médias... mais il n’était pas inédit : Jean-Luc Mélenchon est incontestablement et de longue date l’ennemi médiatique numéro un...
Les mots en politique ont-ils perdu tout lien avec le réel ? La très courte et intense campagne législative en cours pose légitimement la question, tant les outrances semblent y avoir atteint un degré inédit, déformant profondément le débat public. La France insoumise (LFI), parti de gauche réformiste classique, fut quasi-systématiquement présentée ces dernières semaines comme « l’extrême gauche », non seulement par ses adversaires politiques mais aussi par une grande partie des médias.
Dans un retournement sémantique orwellien, au moment même où l’extrême droite menace d’accéder au pouvoir en France, c’est LFI, et tout le Nouveau Front populaire avec elle, qui est présenté comme sortant de « l’arc républicain » et qualifié de « plus grand parti antisémite de France », au détriment de toute rationalité. Plusieurs prises de position critiquables de responsables LFI sont mises en avant pour justifier l’anathème général, dans une démesure qui occulte un programme commun pourtant engagé clairement sur le sujet et un fondement idéologique dénué de tout antisémitisme.
Gideon Levy : « Il tue un adolescent palestinien et reçoit un Doctorat Honorifique pour Héroïsme Israélien » Jonathan Cook : Quand l’Occident qualifie de « succès » le massacre de 270 Palestiniens Fareed Taamallah : Alors que Gaza est victime d’un génocide physique, la Cisjordanie est confrontée à un génocide économique Les raids israéliens à Gaza ont probablement violé à plusieurs reprises…
Pour comprendre la montée de l'extrême droite, il faut s'intéresser à la place donnée à cette idéologie dans l'espace public.
Vincent Bolloré et son empire médiatique ont porté la montée de l’idéologie d’extrême droite dans l’espace public, explique l’historien des médias Alexis Lévrier dans un entretien pour The Conversation.
Vincent Bolloré a réussi à obtenir gratuitement la fréquence de Direct 8 (en 2002), puis il a racheté Virgin 17, qui devient Direct Star. Ce qui est assez incroyable, c’est le fait d’avoir pu les revendre ensuite à Canal+ en 2012, en faisant une plus-value spectaculaire, qui constitue l’une des plus grosses opérations de spéculation de l’histoire des médias sur un actif appartenant à l’État (465 millions d’euros). Les ferments de son empire ont donc été construits à partir d’une fréquence qui lui a été attribuée gratuitement par la puissance publique. Car c’est en partie cet argent (et surtout les actions négociées au moment de ce rachat) qui lui ont ensuite permis d’acquérir Canal+ en 2015-2016 : après être entré discrètement au capital de Vivendi, il a peu à peu grignoté l’ensemble du groupe...
CMI, la holding média du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, propriétaire de Marianne, a annoncé le 14 mai avoir engagé des négociations avec le milliardaire Pierre-Edouard Stérin pour la vente du titre. Quasi inconnu dans le monde des médias, Stérin a un profil qui inquiète la rédaction : ultralibéral et catholique réactionnaire, va-t-il, à l'image de Vincent Bolloré, mettre Marianne au service de son combat civilisationnel ? Après la reprise en main du Journal du dimanche par Bolloré cet été, Ia « fachosphère respectable » pourrait s'enrichir d'un deuxième grand titre de la presse écrite.
"En France, pendant que l'armée israélienne poursuivait impunément ce que le procureur de la Cour pénale internationale a appelé "l'extermination des Palestiniens de Gaza", la grande affaire médiatique et politique de la semaine dernière a été le débat organisé par France 2, chaîne de télévision publique, et animé par la journaliste Caroline Roux entre le Premier ministre macroniste Gabriel Attal et la tête de liste du Rassemblement national pour les élections européennes du 9 juin prochain, Jordan Bardella. La presse et les médias mainstream avaient bien évidemment assuré ce qu'on pourrait appeler "le service avant vente" de cette conversation entre deux politiciens, unanimement présentés comme jeunes et dynamiques. Le Monde avait ainsi publié un article annonçant, "un débat crucial entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, dont l'autrice, colportant sans trop la questionner la propagande du parti présidentiel, citait un sénateur macroniste qui déplorait, que "le Rassemblement national flatte une fièvre xénophobe, sans jamais parler des dossiers européens". Nouvel épisode de Quelle époque formidable, par Sébastien Fontenelle.
Propagande génocidaire, sur tous vos écrans, tous les jours, depuis 8 mois. Les bombes israéliennes envoyées sur des tentes de réfugiés palestiniens hier à Rafah sont à peine évoquées ce lundi. Les millions de français.e.s qui se contentent de la télévision comme canal d’information vivent dans une bulle informationnelle parallèle, post-vérité, et sont profondément intoxiqués.
Alors que l’État durcit sa criminalisation des mobilisations en soutien de la cause palestinienne, le journalisme dominant légitime ce cours autoritaire et décuple la pression. Dans le premier volet de cette série consacrée au maccarthysme, nous revenons sur le traitement journalistique des interdictions de conférences de La France Insoumise et des convocations policières de deux de ses membres – Mathilde Panot et Rima Hassan – pour « apologie du terrorisme ». Une fuite en avant médiatique.
« Israël-Gaza : l’onde de choc » : le 19 octobre, pour la première et dernière fois à ce jour, France 2 consacrait une édition spéciale aux massacres du 7 octobre et à l’intervention militaire israélienne qui a suivi. Co-présentée par Caroline Roux et Julian Bugier, cette émission a été diffusée en prime time (21h) et en direct. « Faire le point sur le conflit afin de mieux comprendre ses tenants et ses aboutissants » était l’objectif affiché par la rédaction, laquelle revendiquait pour cela l’éclairage « de nombreux spécialistes du Moyen-Orient ». L’occasion de se pencher sur la façon dont une chaîne de service public formate et met en scène l’information internationale.
La conférence de presse d’Emmanuel Macron, mardi 16 janvier 2024, a fait l’objet de nombreuses remarques, à la fois sur la forme – deux heures et quart face à son auditoire – mais aussi le fond. Au-delà des axes politiques et des choix ministériels défendus, l’historien des médias Alexis Lévrier (CRIMEL-Université de Reims/GRIPIC-Sorbonne Université) qui a notamment publié l’ouvrage « Jupiter et Mercure. Le pouvoir présidentiel face à la presse » (2021) revient sur ce que ce moment dit du rapport très ambivalent que le chef de l’état entretient avec les médias, et ce que cela révèle aussi de la Ve République.
Il y a tout, dans cette histoire. Le sabordage de l'école publique, bien sûr. La consanguinité des élites politiques, économiques et médiatiques (la ministre est la nièce d'Alain Duhamel (BFM) , ainsi que de Nathalie Saint-Cricq (France 2), et la cousine de Benjamin Duhamel (BFM). Le glissement de la haute bourgeoisie libérale, celle des 0,01%, de l'Alsacienne vers Stanislas -dix minutes à pied entre les deux, selon Google Maps-, comme un symbole du racornissement du recrutement des élites à un micro-quartier de la capitale. La désinvolture décomplexée. Dix fois de quoi déclencher une révolution.
Rarement un gouvernement et ses médias n’auront autant détruit le sens des mots. Tout est systématiquement inversé. «L’État de droit» sert à justifier des éborgnements d’adolescents, la «République» est devenue un synonyme de néofascisme et «l’arc républicain» n’est qu’une alliance entre Macron et Le Pen. Les grèves sont des «prises d’otages» et les écolos des «terroristes». Ces gens ont même répété que le 49.3, procédure anti-démocratique par définition, faisait partie du «processus démocratique», et ont interdit des manifestations au nom de la «liberté».
Entre injonctions et prescriptions, un journalisme de maintien de l'ordre.
La séquence médiatique qui fait suite à la mort de Nahel et aux émeutes dans les quartiers populaires est exemplaire à plus d’un titre. Discussions à sens unique sur des plateaux uniformes, reprise sans distance de la communication préfectorale, sources « non officielles » contestées, pénurie d’analyse et images chocs en boucle ont été les ingrédients d’une soupe peu ragoutante. La plupart des médias ont aussi multiplié injonctions et prescriptions à l’égard de leurs invités qui contestaient la lecture policière et sécuritaire qui s’imposait partout : toute personne refusant d’appeler au calme était automatiquement rappelée à l’ordre.