L’arrestation de Pavel Durov, patron de Telegram est-elle un coup porté à la liberté d’expression? Contrairement aux apparences, ce n’est pas du tout aussi simple que cela.
Visiblement, tout le monde a un commentaire à faire sur l’arrestation à Paris du patron de Telegram, Pavel Durov. Tous les bords politiques de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, tous les courants, complotistes, antivax, néo-nazis, ont leur opinion sur cette décision d’un magistrat français, sans rien connaître de la procédure en cours. Le parquet a listé 12 chefs d’inculpation dont certains pourraient s’appliquer à toutes les plateformes similaires à Telegram. Du coup verra-t-on Elon Musk ou Mark Zuckerberg menottes aux poings lors de leur prochain passage en France, comme le craignent certains ? C’est bien plus compliqué que cela. Enfin, il est toujours très aventureux de s’exprimer sur une procédure judiciaire en cours sans avoir accès au dossier. Les magistrats ont probablement des raisons (qui ne sont pas encore publiques) de rechercher telle ou telle responsabilité du patron de Telegram. Petite tentative d’analyse…
L’information a fait l’effet d’une bombe samedi dernier, le 24 août.
Le milliardaire russe Pavel Durov, fondateur de Telegram, a été arrêté à l’aéroport du Bourget, alors qu’il débarquait en France à bord d’un avion privé.
Telegram, ce n’est pas n’importe quelle application. La messagerie cryptée, alternative au célèbre Whatsapp, compte près d’un milliard d’utilisateurs dans le monde. En France, elle s’est notamment fait connaître en 2017, via le coup de pub offert par les macronistes, qui l’utilisaient dans le cadre de leurs échanges de campagne.
On parle de complicité dans des actes de terrorisme, de pédocriminalité et de modération défaillante sur Telegram. Pourquoi, au fond, Pavel Durov a-t-il donc été arrêté ?
Jusqu’où ira cette affaire ? En quoi Telegram dérange plus que Whatsapp ou Signal ? Est-ce qu’il s’agit là d’un précédent fâcheux pour la liberté d’expression en France et en Europe ? Pour répondre à toutes ces questions, nous avons fait appel à Fabrice Epelboin, spécialiste des réseaux sociaux, entrepreneur et enseignant à Sciences Po et à l’IAE de Poitiers.