Ces méthodes d’un autre temps sont hélas celles qui ont été transplantées en Algérie par l’armée française. Voilà maintenant qu’elles ont été rétablies sans texte en Nouvelle-Calédonie : la population de Saint-Louis est parquée et bouclée dans sa réserve comme avant 1946. C’est là le premier acte d’une nouvelle guerre coloniale, qui ne veut pas dire son nom mais révèle déjà son visage.
Dans Les Derniers Jours du Parti socialiste (Le Seuil), le romancier Aurélien Bellanger raconte comment le PS, alors hégémonique à gauche sous le quinquennat de François Hollande, a été phagocyté par une rhétorique ultra-républicaine… Un réseau organisé, dit-il, qui a contribué à « brunir » l’atmosphère politique …
Dans « À l’air libre », il débat avec le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, alors que resurgissent à gauche des clivages anciens sur le « social » qui s’opposerait au « sociétal », et sur le périmètre des électorats que la gauche doit convaincre.
«Le peuple a, par sa faute, perdu la confiance du gouvernement… Ne serait-il pas plus simple alors pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre?» Bertolt Brecht, La Solution,1953
Les vers ironiques de Brecht viennent d’être mis réellement en pratique par Emmanuel Macron. Son parti est passé de 2017 à 2024 de 314 à 99 député·e·s à l’Assemblée nationale. Il a été battu lors des élections européennes et des législatives de juin/juillet 2024. Lors de ces mêmes élections législatives, au second tour, un front électoral contre le Rassemblement national (RN) a été réalisé par tous les partis, sauf le petit parti de droite des Républicains (LR). Le barrage a fonctionné, déjouant tous les pronostics, le RN ne réussissant même pas à obtenir une majorité relative. La formation arrivée en tête après ce second tour a été clairement le Nouveau front populaire (NFP), suivi du «bloc du centre» et du RN.
Malgré ces résultats, on arrive, début septembre, à la formation d’un gouvernement dirigé par un vieux politicien des Républicains, Michel Barnier, qui va recycler bon nombre de responsables de la «majorité présidentielle», pour continuer la même politique et qui ne pourra survivre que par l’engagement du Rassemblement national de ne pas le faire tomber par une motion de censure.
Nous avons largement mis à jour, augmenté et aussi corrigé notre chronologie du Front National / Rassemblement national : en plus des 5 années qui manquaient à la dernière version datant de 2019, nous avons ajouté, dans la version PDF téléchargeable, des liens vers des articles ou des vidéos de l’INA à chaque texte ou image de la chronologie.
L’essayiste publie un nouvel ouvrage consacré à #MeToo dans lequel elle met gravement en cause le travail de Mediapart sur les violences sexistes et sexuelles. Au mépris des faits, et sans nous avoir…
C’est l’heure des grandes vacances. On se cherche des spectacles. S’il y a des endroits où aller pour s’amuser entre camarades de lutte, il y a aussi des endroits à boycotter fermement. En voici un à combattre, que vous soyez Belge, Suisse, Parisien, Dijonnais, Brestois, ou autre : la Chapelle-d’Angillon. En effet, au nombre des plus belles histoires de l’Oncle Adolf, il convient aujourd’hui d’ajouter les Médiévales subventionnées de la Chapelle-d’Angillon sur lesquelles se sont penché les fées bienveillantes de Pétain, de la Waffen SS, de l’OAS, de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, d’Ordre Nouveau, du PFN, et, naturellement, de l’inénarrable DRAC Centre-Val-de-Loire.
Samuel Hayat est l'un des politistes les plus fins du moment. Passionné de Démocratie (Anamosa, 2020), contempteur des gilets jaunes, Hayat est entre autres chercheur à Sciences Po Paris. Avec lui, on a décortiqué la crise de régime dans laquelle la France patauge. Des institutions à terre, une République représentative qui ne représente qu'elle-même, et comment on peut s'extirper du bazar.
Les macronistes ont organisé le barrage bourgeois en faisant une coalition avec le RN. Cela a abouti à la nomination de Michel Barnier.
Emmanuel Macron voulait une cohabitation avec le RN pour l’affaiblir en vue de 2027. C’était sans compter l’arrivée en tête du NFP qu’aucun politicien de droite, éditorialiste et sondagier n’avait anticipé. Après avoir réussi à se maintenir deuxième force politique en nombre de députés grâce au barrage anti-RN, les macronistes devaient donc organiser le barrage bourgeois, anti-gauche, en faisant une coalition avec le RN. Cela a pris près de deux mois et a abouti à la nomination de Michel Barnier ce jeudi 5 septembre. Qui est ce sinistre personnage et qu’est-ce que cette nomination nous dit de la période ?
Les élections ne servent plus à rien : c’est ce qu’on appelle une dictature
« Une dictature, c’est un régime ou une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c’est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais.” Cette phrase est de Macron lui-même. Nous y sommes. Macron est un Trump qui a réussi : malgré une défaite électorale cuisante et claire, ce dernier est parvenu à rejeter les trois messages de cette élection, c’est-à-dire le barrage anti-RN, l’arrivée en tête de la gauche et le désir d’une cohabitation. Il y est parvenu en faisant alliance avec le RN pour barrer la gauche et nommer un premier ministre qui assure la continuité de sa politique et de son contrôle.
Emmanuel Macron a enfin pris sa décision : Michel Barnier, vieux baroudeur de la droite, est nommé Premier ministre. Cette décision vient définitivement acter le déni de démocratie du président de la République qui, malgré des supposées consultations, a refusé de nommer Lucie Castets, la candidate de la formation politique arrivée en tête aux élections législatives. Une pratique du pouvoir contre la démocratie qui, dans le mouvement néolibéral dont Emmanuel Macron est un membre éminent, apparaît comme une constante. Le coup d’État d’Augusto Pinochet, au Chili en 1973, est un laboratoire du genre. Le premier réflexe de la junte militaire a été d’abroger la précédente Constitution pour, dans un second temps, en produire une nouvelle sur-mesure, à partir de rien, en 1980. Un héritage perpétré par Javier Milei, le président de l’Argentine. Contexte différent, méthode différente : devant l’impossibilité d’écrire une nouvelle constitution, il opte pour le contournement et la réforme. Une dynamique qui raisonne avec l’exercice du pouvoir des gouvernements sous Emmanuel Macron qui enchaînent les 49.3 et poussent à leurs limites les articles les plus autoritaires de la Ve République. Quitte à jouer avec les frontières de la légalité. Pour lutter contre cette « nouvelle raison du monde » anti-démocratique, notre invité, le philosophe Pierre Dardot, travaille autour de « l’imaginaire des communs ». Une proposition loin d’être seulement théorique : de nombreuses pratiques concrètes s’ancrent déjà dans cette logique, à l’image du mouvement des Soulèvements de la Terre.
« Tu as été un artisan déterminé et déterminant des politiques probusiness.» Lundi, Patrick Martin, le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), principale association patronale du pays, a eu des mots doux pour Bruno Le Maire, ministre de l’Economie – démissionnaire – du gouvernement Macron. Dans la foulée, l’entrepreneur a fustigé le programme du Nouveau Front populaire (NFP) et deux de ses mesures phares – la hausse du Smic
Au-delà des refus d'Emmanuel Macron, un autre coup de force, bien plus grave, se déroule là où personne ne regarde. L'actuel gouvernement démissionnaire-démissionné gouverne sur le fondement d'une note de ses propres services, qui estime le gouvernement incensurable tout en lui attribuant d'importants pouvoirs de décision. Cela pourrait redéfinir le régime.
L’arrestation de Pavel Durov, patron de Telegram est-elle un coup porté à la liberté d’expression? Contrairement aux apparences, ce n’est pas du tout aussi simple que cela.
Visiblement, tout le monde a un commentaire à faire sur l’arrestation à Paris du patron de Telegram, Pavel Durov. Tous les bords politiques de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, tous les courants, complotistes, antivax, néo-nazis, ont leur opinion sur cette décision d’un magistrat français, sans rien connaître de la procédure en cours. Le parquet a listé 12 chefs d’inculpation dont certains pourraient s’appliquer à toutes les plateformes similaires à Telegram. Du coup verra-t-on Elon Musk ou Mark Zuckerberg menottes aux poings lors de leur prochain passage en France, comme le craignent certains ? C’est bien plus compliqué que cela. Enfin, il est toujours très aventureux de s’exprimer sur une procédure judiciaire en cours sans avoir accès au dossier. Les magistrats ont probablement des raisons (qui ne sont pas encore publiques) de rechercher telle ou telle responsabilité du patron de Telegram. Petite tentative d’analyse…
L’information a fait l’effet d’une bombe samedi dernier, le 24 août.
Le milliardaire russe Pavel Durov, fondateur de Telegram, a été arrêté à l’aéroport du Bourget, alors qu’il débarquait en France à bord d’un avion privé.
Telegram, ce n’est pas n’importe quelle application. La messagerie cryptée, alternative au célèbre Whatsapp, compte près d’un milliard d’utilisateurs dans le monde. En France, elle s’est notamment fait connaître en 2017, via le coup de pub offert par les macronistes, qui l’utilisaient dans le cadre de leurs échanges de campagne.
On parle de complicité dans des actes de terrorisme, de pédocriminalité et de modération défaillante sur Telegram. Pourquoi, au fond, Pavel Durov a-t-il donc été arrêté ?
Jusqu’où ira cette affaire ? En quoi Telegram dérange plus que Whatsapp ou Signal ? Est-ce qu’il s’agit là d’un précédent fâcheux pour la liberté d’expression en France et en Europe ? Pour répondre à toutes ces questions, nous avons fait appel à Fabrice Epelboin, spécialiste des réseaux sociaux, entrepreneur et enseignant à Sciences Po et à l’IAE de Poitiers.
On savait que les écoles privées avaient leurs petits privilèges, mais Mediapart vient de lever le voile sur un scandale d’une ampleur insoupçonnée : entre 2016 et 2023, 1,2 milliard d’euros de fonds publics ont discrètement filé dans les caisses des lycées privés sous contrat.Au-delà des financements légaux déjà prévus pour les établissements privés. Un véritable jackpot payé par les contribuables. Mais pendant ce temps, les établissements publics, eux, continuent de se serrer la ceinture. Et tout ça dans une opacité totale, sans contrôle, ni transparence.