“Cet argent on ne l’a pas” : voilà ce qu’a osé dire Emmanuel Macron sur un plateau télé, au sujet du financement des retraites. En face de lui, une gauche qui, malgré ses bonnes intentions, continue de répondre par des solutions fiscales timides — taxer les superprofits, taxer les ultra-riches, taxer les dividendes — en oubliant que le cœur du problème, ce n’est pas un manque d’idées, mais un abandon progressif de la rupture. Derrière les slogans sur les “riches qui doivent payer”, il n’y a plus de stratégie de conquête, mais une gestion du possible. À première vue, taxer davantage les riches semble être une idée essentielle, de bon sens ou même révolutionnaire, tant, ces dernières décennies, tout a été fait pour qu’ils payent le moins possible. Mais cela ne peut pas suffire, et un projet de transformation sociale ne peut pas se limiter à cela. Ce n’est pas une poignée de taxes sur les fortunes obscènes qui renversera l’ordre établi.
Cette contribution se veut une réflexion sur les difficultés de l’auto-organisation dans le mouvement en cours en défense des retraites. Et malgré ça, de sa nécessité. Elle ne se présente pas comme une recette miracle et veut surtout être utile à celles et ceux qui font vivre la mobilisation, et discutée par elles et eux.
Retraite, Sécurité sociale, assurance chômage… Autant de grandes conquêtes sociales souvent obtenues par la grève et la mobilisation, mais aujourd'hui remises en cause par la réforme des retraites. Le sociologue et historien Claude Didry (directeur de recherche au CNRS) revient sur cette histoire mouvementée toujours inscrites sur notre bulletin de paie.