Les images de Paris grillagée choquent l’opinion publique. De nombreux médias regrettent ce qu’ils présentent comme un détournement de l’« ordre habituel » de la ville, détournement qu’il faudrait accepter au nom de la fête (stupéfiante inversion logique).
Mais n’est-ce pas le contraire ? Si ces images nous heurtent, n’est-ce pas justement parce qu’elles rendent visible l’« ordre habituel » de la ville sous régime capitaliste ? Elles ne le dévoient pas ; elles le manifestent de manière éclatante et ce retour du refoulé est douloureux, suscitant colère ou déni.
« Nous n’avons pas à rougir ou à nous excuser ». Voilà comment le directeur de la CAF — dans un « Message au sujet des algorithmes » à destination des 30 000 agent·es de la CAF — a réagi à notre publication du code source de l’algorithme de notation des allocataires.
Et pourtant, devant la montée de la contestation — s’étendant au sein des CAF elles-même car seul·es les dirigeant·es et une poignée de statisticien·nes avaient connaissance de la formule de l’algorithme –, il était possible d’espérer, a minima, une remise en question de la part de ses dirigeant·es.
Mais à l’évidence des faits, les dirigeant·es de la CAF ont préféré le déni. Cette fuite en avant a un coût car un élément de langage, quelque soit le nombre de fois où il est répété, ne se substituera jamais aux faits. À vouloir nier la réalité, c’est leur propre crédibilité, et partant celle de leur institution, que les dirigeant·es de la CAF mettent en danger.