Constitution et démocratie : voilà un vieux couple d’inséparables. Les supposés deux faces d’une même pièce. Sans Constitution, comment imaginer la possibilité d’une démocratie ? Une opération qui apparaît de l’ordre de l’impossible. Pourtant, à y regarder de près, les liens supposément sacrés entre les deux composantes de l’union sont loin d’être évidents. Et cet état de fait s’impose dans notre actualité : les mouvements d’extrême droite qui parviennent à prendre le pouvoir dans un certain nombre d’États, notamment en Occident, le font le plus souvent aux côtés de la Constitution, et non contre elle. Une question s’impose ainsi : le ver ne serait-il pas, depuis bien longtemps maintenant, à l’intérieur même du fruit ? De la Révolution française au Chili, en passant par Macron, Milei et Trump, Blast vous propose de faire le point sur cet objet constitutionnel, qui, peu à peu transformé en fétiche, a fini par devenir un véritable piège politique. Une émission produite avec l'historienne Sophie Wahnich, la constitutionnaliste Lauréline Fontaine, et le philosophe Pierre Dardot.
Les élites américaines de la première heure ont rédigé la Constitution pour mettre un frein aux soulèvements démocratiques qui menaçaient le pouvoir de la classe dirigeante. La Déclaration des droits, ajoutée tardivement à la Constitution pour protéger des libertés majeures, était une concession à ces luttes populaires.
« Coup d’État », « dictature », « illibéralisme », des qualificatifs que l’on entend, par ci par là, depuis la dissolution surprise décidée par Emmanuel Macron à la suite des élections européennes. Et d’autant plus depuis la nomination de Michel Barnier en tant que premier ministre, homme issu d’une formation minoritaire à l’Assemblée nationale.
Alors, qu’en est-il ? La constitutionnaliste Eugénie Mérieau propose un pas de côté. Bien que toute cette « séquence » soit conforme, si on suit la lettre, à la Constitution de la Ve République, encore faut-il s’intéresser à la nature même de cette dernière. Et remonter à la manière dont, dès l’annonce de sa mise en place, la Ve République s’inscrit dans une logique de Coup d’État.
Aussi, et peut-être surtout, voir un peu au-delà : comprendre comment l’État d’urgence permanent, notamment sous la présidence d’Emmanuel Macron, a subvertit l’État de droit en profondeur. Si bien que la France n’a aujourd’hui rien à envier aux pays voisins qualifiés, parfois avec un certain dédain, « d’illibéraux ».