On aurait préféré que ce soit un poisson d’avril : dans une décision rendue ce 1er avril 2025, le Conseil d’État a validé le principe de la censure arbitraire et opaque d’un réseau social. Derrière l’apparente annulation de la décision du Premier ministre de l’époque, Gabriel Attal, de bloquer Tiktok, la plus haute juridiction française offre en réalité le mode d’emploi de la « bonne censure ». Cette décision est inquiétante, tant cette affaire aura montré l’inefficacité du Conseil d’État à être un rempart efficace contre le fascisme montant.
À l'Université Sorbonne Paris Nord, la présidence a interdit la tenue d'une conférence de Pascale Boniface sur son livre {Israël-Palestine, une guerre sans limites}. Un nouveau cas de censure, qui illustre la poursuite de la répression envers les étudiants qui veulent parler du génocide en Palestine à l'université.
Dans ce numéro spécial, focus sur la censure budgétaire et ses impacts, avec un entretien exclusif d'Éric Coquerel, député LFI et Président de la Commission des Finances. Retour sur les enjeux de cette censure, le départ de Michel Barnier, et l'annonce prochaine d'un nouveau Premier ministre par Emmanuel Macron, marquée par une allocution controversée. Décryptage de la stratégie des LR face au RN et des contradictions des macronistes dans notre rubrique "Ensemble pour le n’importe quoi". Enfin, entre tensions et moments cocasses, découvrez les séquences marquantes de la crise politique actuelle.
Au-delà des refus d'Emmanuel Macron, un autre coup de force, bien plus grave, se déroule là où personne ne regarde. L'actuel gouvernement démissionnaire-démissionné gouverne sur le fondement d'une note de ses propres services, qui estime le gouvernement incensurable tout en lui attribuant d'importants pouvoirs de décision. Cela pourrait redéfinir le régime.
La contre-insurrection est une méthode de répression théorisée par l’État français depuis la Guerre d’Algérie. Cette doctrine politique et militaire vise à obtenir le soutien de la population dans le cadre d’un conflit entre les autorités et leurs adversaires. La guerre contre-insurrectionnelle repose sur deux principes : frapper le plus violemment possible les opposant-es et, en parallèle, les isoler en menant des actions de propagande pour obtenir l’adhésion des habitant-es. Cette guerre dans les esprits est autant, voire plus importante que la guerre sur le terrain militaire. Il s’agit «d’opérations psychologiques», ou «psy-op». Cette doctrine a été utilisée lors des guerres coloniales et anti-communistes, puis exportée dans de nombreux régimes autoritaires. Elle est désormais appliquée partout.
À l'Assemblée nationale, lundi 10 juillet 2023, lors de la commission "Organisation des groupuscules violents en manifestation : Table ronde des entreprises de réseaux sociaux", Sarah Bouchahoua (1), la responsable des affaires publiques de Snapchat explique avoir travaillé conjointement avec le ministère de l'Intérieur et les forces de l'ordre, pour modérer les contenus et promouvoir du contenu anti-manifestation, dans les derniers jours des émeutes ; “l'ensemble des stories publiées sur la map, c'étaient des utilisateurs qui se plaignaient des émeutes”.
(1) Sarah Bouchahoua a été la collaboratrice de l'ex-députée LREM Laetitia Avia.