Y a-t-il quelqu'un à la barre de France Inter ? Hier, le 2 mai, la radio du service public a sombré deux fois.
D'abord, en décidant de suspendre l'humoriste Guillaume Meurice de l'émission Le grand dimanche soir, et en le convoquant à un entretien préalable à un licenciement "pour faute grave". Quelle faute grave ? Avoir considéré que si la justice elle-même avait, en avril dernier, abandonné les poursuites contre une blague qualifiant Benyamin Netanyahou de "nazi sans prépuce", c'est qu'il était donc libre de la refaire, dont acte. "C'est ma première blague autorisée par la loi française", a-t-il rigolé. Mais pas autorisée par France Inter, apparemment.
Surtout, et cela nous indigne autant, mais concerne plus directement ASI : après plus de 24 heures d'un déferlement raciste inouï ciblant notre collègue Nassira El Moaddem, présentatrice d'Arrêt sur images, harcelée par l'extrême droite pour un tweet dans lequel elle dénonçait le racisme en France, France Inter a fini par daigner réagir. Pas soutenir : réagir, pour se protéger et de désolidariser - car Nassira a travaillé pour France Inter sur un podcast, Parcours de combattants, jusqu'en 2022. Et l'extrême droite et les médias Bolloré y ont vu une occasion en or : taper à la fois sur une journaliste d'origine arabe et sur le service public (même si l'émission est terminée depuis près de deux ans).
Rarement un gouvernement et ses médias n’auront autant détruit le sens des mots. Tout est systématiquement inversé. «L’État de droit» sert à justifier des éborgnements d’adolescents, la «République» est devenue un synonyme de néofascisme et «l’arc républicain» n’est qu’une alliance entre Macron et Le Pen. Les grèves sont des «prises d’otages» et les écolos des «terroristes». Ces gens ont même répété que le 49.3, procédure anti-démocratique par définition, faisait partie du «processus démocratique», et ont interdit des manifestations au nom de la «liberté».