Un nouveau phénomène mondialisé : une police suréquipée face à des foules furieuses et sans défense qui brandissent leurs téléphones portables pour tout enregistrer. La guerre des images sur les médias sociaux polarise encore plus la police et les manifestants. Ce volet se concentre sur la police anti-émeute avec des exemples en France, en Allemagne, aux États-Unis…
L’arme du nouveau contrôle des foules tout autour du monde, c’est le fusil à balles en caoutchouc. Partout, les policiers se sont habitués à épauler et tirer sur des manifestants – un geste qui avait disparu. Les armes dites à létalité atténuée tuent moins… mais elles mutilent : des centaines de manifestants ont été par exemple éborgnés. Ce second volet enquête sur ces fusils omniprésents depuis dix ans. Des armes d’abord utilisées dans un contexte colonial, puis dans les ghettos avant d'être pointées vers des citoyens lambda. Les policiers tirent et quand ils blessent, ils dissimulent l’auteur du tir. Face à cela, l’arme des citoyens, c’est le téléphone portable. Le contre-pouvoir se répand massivement. Balles en caoutchouc contre vidéos…
Lors des manifestations du 25 mars contre les mégabassines à Sainte Soline (Deux Sèvres) et du 28 mars dans toute la France contre la réforme des retraites, les forces de l’ordre ont durement réprimé les manifestants, faisant des centaines de blessés, dont plus de 200 à Sainte Soline. Tout au long de la semaine, alors que Amnesty international, Human rights watch, l’ONU ou le Conseil de l’Europe alertaient sur un recours excessif à la force de la part du gouvernement français, les macronistes multipliaient mensonges et approximations.
Un nouveau phénomène mondialisé : une police suréquipée face à des foules furieuses et sans défense qui brandissent leurs téléphones portables pour tout enregistrer. La guerre des images sur les médias sociaux polarise encore plus la police et les manifestants.
Ce mercredi 5 avril, le ministre de l’Intérieur va devoir s’expliquer sur l’emploi de la force par les policiers et gendarmes lors des affrontements de Sainte-Soline et lors des manifestations contre la réforme des retraites. Mais en attendant sa prise de parole à l’Assemblée, c’est sur le terrain du terrorisme que Gérald Darmanin a été interpellé. Ayant évité le débat avec les élus, envoyant son ministre délégué, il n’a pas pu fuir devant les parlementaires lors de la session de questions dans l’Hémicycle.
« Est-ce que vous condamnez les violences ? » Vous avez sûrement entendu cette question, posée sur les plateaux de télévision à des gens de gauche pour leur demander de s’exprimer les terribles dégradations commises par des casseurs lors des manifestations. En revanche, on entend beaucoup moins les interrogations des éditorialistes sur les violences policières, et sur le changement de régime que nous sommes peut-être en train de vivre.
Pour le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, même si la manifestation de Sainte-Soline avait été interdite, « le droit de se réunir pour une cause à laquelle on croit doit pouvoir être préservé ». Il conteste aussi vigoureusement l’usage du terme d’« écoterrorisme » par Gérald Darmanin.
Les armes non létales utilisées par la police expliquent la hausse des violences dans les manifestations, selon l’économiste Paul Rocher. Selon lui, la répression est d’autant plus intense envers les manifestants écolos.