À Gaza, les bombes ont fait leur œuvre de destruction quand les mots, souvent distordus, sanctifiés, réécrits, ont préparé le terrain. Les médias occidentaux, en relayant sans recul le récit israélien, ont érigé un décor de guerre qui a sacrifié la voix des Palestiniens, là où l’information aurait dû dire la vérité et non la fabriquer.
Depuis 25 ans, l’association Acrimed (Action-Critique-Médias), créée en 1996 dans la foulée et en réaction au traitement médiatique des mobilisations contre le plan Juppé en novembre 1995, a beaucoup diversifié les cibles de ses observations. Mais elle n’a jamais cessé de scruter la façon dont les médias dominants s’adonnent régulièrement à l’un de leurs sports favoris : la démobilisation sociale.
Dans cette interview avec Daniel Schneidermann, Rima Hassan revient sur le traitement médiatique de la Freedom Flotilla, la montée de l'islamophobie et des idées d'extrême-droite dans les médias, la censure des soutiens de la Palestine sur la scène médiatique et politique, l'acharnement médiatique dont elle est victime et sur les enjeux de son mandat au Parlement européen.
Comment distinguer le vrai du faux à l’ère des réseaux sociaux ? La réponse à cette question devient de plus en plus délicate. Leurs algorithmes prennent une importance croissante dans notre vie, au point de bouleverser notre rapport à la réalité. Le chercheur Michaël Lainé a essayé de comprendre comment et pourquoi la vérité était en train de disparaître à l’ombre de ces algorithmes. Il s’est penché sur leur histoire et leur fonctionnement, a essayé de décrire comment la post-vérité s’est imposée, comment les médias ont participé à cette relativisation extrême, pour comprendre ce qui fait que l’on va souvent préférer la croyance au savoir, ou encore, comment tenter de retrouver une indépendance intellectuelle. Alors comment des croyances sont-elles devenues des équivalents de vérités scientifiques dans la tête d’une partie de la population, pourquoi l’ignorance et la haine ont-elles atteint de tels degrés d’étalement dans nos esprits ?
Depuis sa captation par le groupe Bolloré, la vieille et prestigieuse maison d’édition Fayard a adopté la ligne et les méthodes de son nouveau propriétaire. L’arrivée controversée de l’éditrice d’Eric Zemmour, Lise Boëll, à sa tête, son management contesté, ses positions réactionnaires et les manœuvres d’influence en coulisses ont profondément bouleversé les équipes en place. Dernier choc en date, le recrutement d’un assistant éditorial condamné pour pédocriminalité. Plongée dans les méandres d’une reprise en main autoritaire et violente où luttes de pouvoir internes, les rumeurs plus ou moins fondées et le mercantilisme ambiant finissent de transformer une vieille institution littéraire en un projet idéologique de droite extrême. Enquête, témoignages et révélations.
Qui sont les économistes de plateaux TV ? Comment ça ce fait qu’ils ne soient en réalité que très rarement économistes ? Alors que les questions économiques sont au cœur des débats politiques, qu'à chaque élection les citoyens sont amenés à se prononcer sur ces questions, la science économique est encore trop peu comprise.
Après avoir passé vingt mois à criminaliser le mouvement de solidarité avec la Palestine, c’est avec un regain de mépris et de hargne que de nombreux éditocrates ont commenté l’arrestation illégale des membres d’équipage de la flottille de la liberté (le Madleen) par l’armée israélienne, dans la nuit du 8 au 9 juin.
Dans la tradition internationaliste des flottilles pour Gaza et quinze ans après l’assaut du Mavi Marmara – en mai 2010, au cours duquel l’armée israélienne tuait neuf passagers –, le Madleen entendait briser le blocus israélien à Gaza, à l’instar d’autres actions de solidarité actuellement en cours. Il réunissait à son bord douze personnes, parmi lesquelles des militants, l’eurodéputée LFI Rima Hassan et deux journalistes, Yanis Mhamdi (Blast) et Omar Faiad (Al Jazeera). Dans la nuit du 8 au 9 juin, l’armée israélienne a arrêté ses passagers, dont deux sont toujours emprisonnés en Israël à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Chère Agnès Verdier-Molinié,
Quelle semaine !
Le 27 mai, vous êtes intervenue successivement sur Europe 1, BFM-TV et LCI, quel talent, pour nous éclairer de vos lumières à propos, entre autres, de la grève des chauffeurs de taxi (c’est mal), de la « TVA sociale » (c’est bien) et de la dette publique (c’est grave), pour le commun des mortels une telle journée médiatique serait un marathon mais pour vous c’est ce que l’on appelle un mardi. Lorsque l’on sait que, la veille, vous étiez l’invitée de la « la Grande interview » de boursorama.com et que, le lendemain, on a pu vous entendre sur Europe 1 le matin et vous voir sur CNews le soir lors de la remarquable émission de la talentueuse Christine Kelly, on en viendrait presque à se demander où vous trouvez le temps de travailler à force de courir partout, mais ce serait oublier qu’occuper l’espace médiatique pour y ressasser vos lubies ultra-libérales constitue précisément ce qui fait pour vous office de « travail ».
Un catho-réac à l’origine de la droitisation de plusieurs médias comme CNews, un magnat du pétrole anti-LGBT+ ou un libertarien qui déteste les impôts… Ces trois milliardaires possèdent nos artistes, concerts ou festivals préférés.
« On sait très bien que la plupart des hommes d’affaires présents sur cette carto sont de droite, voire d’extrême droite », glisse Matthieu Barreira. Le chercheur est à l’origine d’une cartographie des plus grands opérateurs privés dans le secteur de la musique en France, captés par dix grandes fortunes. Réalisée à l’initiative du Syndicat des musiques actuelles (SMA), elle est publiée en exclusivité par StreetPress ce 19 mai. L’occasion de se pencher sur trois d’entre eux, engagés à la droite de la droite : le Français Vincent Bolloré et les Américains Philip Anschutz et John C. Malone.
À qui doit on signaler qu’une décision de l’Arcom nous parait inique et partisane ? Nous apprenons, grâce au Figaro ce matin, que l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) vient de confier le statut de « signaleur de confiance » au CRIF (le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France). Ce dont s’est aussitôt réjoui son président : « Ce travail de signalement fait partie de l’ADN du Crif sur l’antisémitisme, le négationnisme et par extension sur toutes les formes de haine que les internautes peuvent être amenés à rencontrer sur les réseaux sociaux ». Le règlement de l’Arcom précise que ces « signaleurs » sont des « organisations reconnues pour leur expertise dans la détection, l’identification et la notification de contenus illicites ». Jusqu’à présent, ils étaient six et tous centrés sur la protection des mineurs, la lutte contre la piraterie audiovisuelle, la cybercriminalité, la cyberviolence ou les addictions et la défense des consommateurs.
En confiant cette mission à une association religieuse et aux prises de positions controversées, en particulier alignée sur la protection du gouvernement d'extrême droite génocidaire d’Israël, l’Arcom franchit une borne et ouvre une sérieuse brèche dans ce qui lui restait d’impartialité. Pour le Crif, l’antisionisme est un antisémitisme. Ses prises de positions, surtout depuis le 7 octobre 2023, ont constamment évolué quant à la définition de l’antisémitisme et du négationnisme. En confiant à ses militants qui criminalisent plus vite qu’ils ne défendent les journalistes qui tentent d’informer sur Gaza, l’Arcom manque à la plus élémentaire des sagesses. Ceux qui vont maintenant remettre en cause la doxa qui voudrait que tout palestinien et par extension tout soutien à la cause palestinienne soit devenu un antisémite ont du souci à se faire. Question : à qui s’adresser à l’Arcom si on pense que le Crif attise la haine en ligne ?
Le terme de massacre pour qualifier les bombardements à Gaza n’est quasiment jamais utilisé par les médias français, hormis à gauche. Les Gazaouis ne meurent que dans des « ruptures de trêve » ou des « reprises de bombardements », toujours justifiées par l’armée israélienne. Et le vrai risque, c’est la mise en danger des otages. Israéliens, bien entendu.
Mardi 18 mars 2025, plus de 400 personnes, femmes, enfants et hommes gazaouis meurent dans une attaque nocturne de l’armée israélienne à Gaza.
La mort de ces quelque 400 personnes, pour plus d’un tiers de femmes et d’enfants, fait à peine la Une des médias français. Pire, ce massacre – le terme lui-même n’est jamais utilisé, à une exception près – ne constitue pas le cœur de l’information. Les médias privilégient quasi unanimement l’angle de « la fin de la trêve » et « la mise en danger des otages » israéliens, plutôt que la mort de gazaouis devenue routine.
Le procès du financement libyen de Nicolas Sarkozy vient de s’achever au tribunal judiciaire de Paris par les plaidoiries de ses avocats. Ces trois mois d’audience ont peu mobilisé les rédactions, en service minimum. Pas une surprise tellement ils sont nombreux, ces « grands noms » de la presse, à avoir délibérément franchi la ligne jaune au secours de l’ex-président de la République. Avec les pièces du dossier, Blast revient sur ces manipulations destinées, sous couvert de journalisme, à peser sur le cours de la justice. Une tâche sur la réputation de ces journaux et ces rédactions, une honte pour la profession tout entière.