Accusée par l'éditorialiste Raphaël Enthoven d’être « passionnément antisémite », La France Insoumise avait porté plainte pour injure en avril 2024. Le 23 septembre dernier, les deux camps étaient enfin réunis à la 17e chambre du tribunal de Paris pour une confrontation judiciaire. L'occasion d'observer les coulisses d'une mécanique entre mensonges et outrances qui ne cesse de saturer les plateaux de télévisions et les colonnes de journaux. Récit d'audience, analyse et réflexions.
Le fascisme ne se lève pas comme la tempête en une nuit. Il est d’abord rampant, dissimulé, ordinaire. Il progresse par les voix de la haine, avivée par les difficultés économiques. Il s’empare des cœurs avant de pervertir les esprits puis de prendre le pouvoir.
--- Robert Badinter
Après le fiasco du gouvernement Lecornu, tous les regards se portent vers le président de la République, lâché par ceux qui ont gouverné avec lui tandis que plusieurs forces politiques réclament sa démission.
Tous les états-majors ont en tête la possibilité d’une dissolution de l’Assemblée nationale, qui déclencherait de nouvelles élections législatives : elle pourrait être annoncée dès mercredi 8 octobre.
Vivons-nous en direct l’effondrement du macronisme ? Comment tracer une alternative politique et sociale face à l’extrême droite qui, cette fois, voit son heure venue ? À gauche et au centre-gauche, les alliés du Nouveau Front populaire, qui étalent leurs désaccords personnels, politiques et stratégiques, peuvent-ils vraiment s’unir dans les urnes comme en 2024 ?
Les attaques contre l’État de droit de la part des soutiens de l'ex-chef d'État suite à sa condamnation dans "l'affaire libyenne" ébranlent dangereusement la démocratie.
Que n’a-t-on pas entendu ? De la « haine » de la juge pour Nicolas Sarkozy, au « coup d’État judiciaire » (Henri Guaino sur France 2), en passant par la fine allusion au « pétainisme » de la magistrature en 1940 (Guillaume Durand dans La Tribune Dimanche). Depuis la condamnation de l’ancien président par le tribunal correctionnel de Paris, c’est tout une classe qui se rebelle contre la justice. Un clan en vérité.
Accusé de viol mais épargné par la justice française, le cas du ministre de la Justice (démissionnaire) est désormais étudié par la Cour européenne des droits de l’homme. Saisie par Sophie Patterson, qui dénonce depuis 2017 des faits de viol commis par Gerald Darmanin, la CEDH doit se prononcer d’ici la fin de l’année. Blast dévoile le contenu de sa requête, qui étrille la façon dont le pays des Droits de l’homme enquête sur les crimes sexuels et protège ses ministres. Un réquisitoire accablant et glaçant.
Quelques jours après la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France devant l’Assemblée générale des Nations Unies, Soumaya Benaissa reçoit l’éminente juriste, infatigable partisane des droits des peuples à leur autodétermination, Monique Chemillier-Gendreau, autrice du livre « Rendre impossible un État palestinien, l’objectif d’Israël depuis sa création ».
Dans ce texte au titre très explicite, elle soutient que l’objectif d’Israël a été dès sa création d’empêcher la naissance d’un État palestinien. « La logique qui a animé l’État d’Israël depuis sa matrice d’origine le sionisme jusqu’à l’occupation de tout le territoire palestinien (…)est une logique de négation de droit des palestiniens à former un État »
S’inspirant de l’avis de la Cour internationale de justice rendu le 19 février 2024 qui conclut à l’illégalité des politiques et pratiques d’Israël et qui détaille les obligations d’Israël pour se conformer au droit international ainsi que celles qui s’imposent à tous les autres états pour faire cesser l’illicéité constaté » , Monique Chemillier-Gendreau éclaire de manière très documenté « cet ’acharnement à faire obstacle de manière insurmontable à ce que puisse émerger les éléments d’un État Palestinien »
Concluant ainsi qu’Israël ne coexistera jamais avec un État palestinien, elle appelle pour dépasser cette impasse à placer l’État hébreu sous sanctions et à réfléchir surtout à un nouveau pacte mondial pour plus de solidarité, de justice et d’égalité.
« Profondément choquant », a réagi l'ex-ministre de l'intérieur Gérald Darmanin à l'inéligibilité récemment requise contre Mme Marine Le Pen. « Chacun doit rester à sa place pour éviter un “gouvernement des juges” », déclarait-il déjà après que le Conseil constitutionnel eut partiellement censuré la loi immigration . Cette rhétorique hostile aux magistrats est récurrente en politique. À quoi renvoie-t-elle ?
Nous l’écrivons depuis le début de l’été 2024 : Macron veut terminer son mandat en cohabitation avec l’extrême droite, ce qui lui permettrait de militariser le régime et d’imposer des mesures dictatoriales en se réfugiant derrière son allié du RN. C’était son plan lorsqu’il a annoncé une dissolution surprise de l’Assemblée Nationale.
L’actrice Charlotte Gainsbourg, qui doit incarner, dans un « biopic » en cours de tournage dont la sortie en salle est prévue pour 2026, l’avocate et infatigable militante progressiste Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet 2020, a cosigné, le 19 septembre dernier, avec une petite vingtaine d’autres personnalités, une tribune collective appelant Emmanuel Macron à conditionner la reconnaissance d’un État palestinien « à la libération des otages » israéliens retenus à Gaza « et au démantèlement du Hamas ». Ulcéré par ce déni, l’un des fils de l’avocate, Serge Halimi, nous a fait parvenir ce texte rappelant que cette dernière a, tout au long de sa vie, exprimé « sa solidarité constante » avec Gaza - où, constatait-elle, « un peuple aux mains nues est en train de se faire massacrer ». Il estime qu’elle « aurait lu cette tribune avec dégoût ».
La sentence est tombée : Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, est condamné à 5 ans de prison et 100 000 euros d’amende avec mandat de dépôt différé dans l’affaire des financements libyens. Un dénouement provisoire – la défense, ainsi que la Parquet national financier, ont annoncé faire appel – mais qui sera quand même suivi de lourdes conséquences : le 12 octobre prochain, Nicolas Sarkozy connaîtra la date de son emprisonnement. L’attente de son jugement en appel se fera ainsi depuis une geôle. L’occasion pour notre invité Yannick Kergoat, réalisateur du film « Personne n’y comprend rien » produit avec Mediapart pour expliquer toute l’affaire, de porter un regard critique sur le déroulé des événements, d’analyser les déclarations ineptes de Nicolas Sarkozy à la sortie du tribunal, et de revenir sur toutes les connivences médiatiques qui, depuis plusieurs années maintenant, reprennent souvent mot pour mot le narratif de l’ancien président.