Quel est le premier caractère moral de la bourgeoisie ? Elle est la classe qui s'autorise. Et qui est prête à tout pour maintenir ses autorisations. Tout lui est permis. Y compris d'imposer le silence autour de ses autorisations. Quand l'éditorialisme indistinct exige qu'il n'y ait pas d'affaire Bayrou, il signifie une solidarité de fer – une solidarité de classe.
Israël a entamé la dernière étape de son génocide. Les Palestiniens devront choisir entre la mort et la déportation. Il n’y a pas d’autres options.
C’est le dernier chapitre du génocide. Il s’agit de la dernière poussée, gorgée de sang, visant à chasser les Palestiniens de Gaza. Pas de nourriture. Pas de médicaments. Pas d’abri. Pas d’eau potable. Pas d’électricité.
Israël transforme rapidement Gaza en un chaudron dantesque de misère humaine où les Palestiniens sont tués par centaines et bientôt, à nouveau, par milliers et dizaines de milliers, sous peine d’être contraints de partir pour ne plus jamais revenir.
Curtis Yarvin est la figure intellectuelle de la galaxie trumpiste. Son projet « néoréactionnaire » veut en finir avec l’idée démocratique et propose de structurer le gouvernement comme une entreprise dirigée par un monarque absolu.
Depuis l’investiture de Donald Trump et ses premières mesures de gouvernement, émerge le nom d’un mouvement intellectuel qui serait l’inspiration secrète de la nouvelle administration : la néoréaction, aussi désignée par l’expression « Lumières sombres » (Dark Enlightenment). À la tête de ce mouvement, le blogueur Curtis Yarvin, très proche de Peter Thiel, de Marc Andreessen (milliardaire et conseiller informel du président), mais aussi des cadres politiques comme J. D. Vance et Michael Anton. Yarvin aurait ainsi favorisé l’ascension politique d’Elon Musk et serait notamment à l’origine du plan Gaza.
Il semble difficile, à brûle-pourpoint, de déterminer avec précision l’influence des idées néoréactionnaires sur la nouvelle administration, ce qui supposerait de mener une enquête de terrain. Néanmoins, nous pouvons dès maintenant nous intéresser à la pensée néoréactionnaire.
D’où vient-elle ? Quelles sont ses propositions normatives ? En d’autres termes, en quoi consiste la théorie politique néoréactionnaire qui semble inspirer les premières mesures de la nouvelle administration ?
Les ressemblances sont impressionnantes. Des politiques d'austérité ; un article de la constitution (le 48.2 !) qui permet au gouvernement de gouverner sans vote de l'Assemblée ; la concentration du pouvoir entre les mains d'un président "pas exagérément intelligent, mais orgueilleux et buté" ; le refus présidentiel de tenir compte du résultat des élections ; Une perméabilité de "l'extrême-centre" aux thèses de l'extrême-droite ; et surtout, un magnat des médias, propriétaire de nombreux journaux, et de maisons de production cinématographique, qui lance des campagnes politiques, met des faits-divers à la Une, place ses journaux au service de son propre agenda politique !
L’extrême droite monte en puissance et semble toujours plus forte, en France, en Europe et dans le monde. La chute des démocraties est-elle inéluctable ? Quelles leçons tirer de l’histoire des années 1930 pour éclairer notre présent ? Entretien avec Johann Chapoutot, spécialiste du nazisme et auteur des « Irresponsables. Qui a porté Hitler au pouvoir ? ».
Régulièrement, le débat sur les inégalités sociales revient sur la table, intercalé avec celui sur les faibles salaires. Car oui, en France, dans l’un des pays qui produisent le plus de richesses au monde, il existe un très grand nombre de travailleurs pauvres, à tel point que l’Etat distribue, depuis une dizaine d’années, une « prime d’activité » destinée à arrondir les fins de mois des moins bien payés sans faire passer le patronat à la caisse. Les différences de salaires nous minent, même quand on ne regarde pas les millionnaires et les milliardaires qui nous narguent. Il y a d’abord les inégalités salariales entre femmes et hommes, énormes et qui évoluent faiblement, mais aussi les écarts entre métiers, ce qui fait que dans ce pays comme ailleurs, ce sont ceux qui font les métiers les plus pénibles (égoutiers, agriculteurs, aide-soignantes, manutentionnaires…) qui sont les moins payés. D’une façon générale, nos écarts de salaires nous frustrent et nous divisent : qui ne s’est pas trouvé face à un collègue ou supérieur hiérarchique qui, mieux payé, en faisait beaucoup moins que vous ? Pendant ce temps, les propositions pour un monde du travail plus juste sont timides : à gauche, on propose une limitation des écarts de salaires de 1 à 20… Ce qui est déjà le cas dans nombre d’entreprises et de services publics. Choisir un écart acceptable valide l’idée selon laquelle il y aurait un écart acceptable… Et s’il n’y avait aucun écart légitime ? Et si on était tous payé pareil ?
Prisée par les ONG, les colibris et les journalistes aussi bien que par les gouvernements bourgeois et les multinationales fossiles, la religion des écogestes est devenue l’entrée principale dans la cause environnementale. Pourtant, à l’examen, elle s’avère absolument délétère. L’approche sociologique démontre que l’écocitoyenneté morale accroît la violence symbolique qui pèse sur les classes populaires, et les sciences cognitives qu’elle détourne l’individu de l’action systémique aujourd’hui nécessaire. Il est donc temps de se débarrasser de ce paradigme paresseux, véritable Cheval de Troie des néolibéraux pour désagréger l’action collective.
« Compte tenu des tensions actuelles », France Télévision a décidé de déprogrammer un documentaire sur l’utilisation d’armes chimiques par l’armée française durant la guerre d’Algérie. Quelques jours après la mise à pied du journaliste Jean-Michel Aphatie pour avoir comparé les crimes coloniaux français à ceux de l’armée allemande dans la France occupée, cette «déprogrammation» montre à quel point la cancel culture de droite et d’extrême droite impose sa loi en France.
Entre le 16 et le 26 février, pas moins de cinq attaques ont été menées par des activistes néofascistes : quatre agressions physiques - dont deux auraient pu être mortelles - et un incendie criminel contre une mosquée. Dans l'indifférence quasi générale des médias et du pouvoir, dont la réaction a été plus que discrète. Blast revient sur ces dix jours où l'extrême droite n'a jamais semblé aussi sûre d'elle-même et de son impunité.
Le Maccarthysme est un épisode politique qui a eu lieu aux USA dans les années 1950. En pleine guerre froide, c’est un moment de paranoïa collective et de répression totalitaire visant toutes les personnes supposément proches du communisme. Il s’agit d’un véritable moment d’inquisition, qui a visé des milliers de personnes – y compris des intellectuels et responsables politiques – ayant des idées pacifistes, féministes, réclamant plus de justice sociale, ou tout simplement apparentées à la gauche.
Dans la France de 2025, un nouveau Maccarthysme s’abat contre toute expression anticolonialiste et anti-racistes. Rien que ces derniers jours, un journaliste a été mis à pied, une eurodéputée insoumise menacée, une manifestation féministe interdite et une assemblée étudiante censurée. Tour d’horizon.
Lorsque des néonazis poignardent un militant antifasciste, le ministre de l’Intérieur réussit donc l’exploit, d’incriminer ce qu’il appelle « l’ultragauche » - et cela rappelle bien sûr un précédent : lors de son premier mandat, après l’assassinat d’une jeune militante antifasciste américaine à Charlottesville par un néonazi en 2017, Donald Trump avait de la même manière renvoyé dos-à-dos les fascistes et antifascistes, en condamnant des violences venant, je cite, « de plusieurs côtés»
Le commentaire sur les réseaux sociaux relève du discours. Au même titre que le discours émis par des responsables/cadres de partis, ce discours émis par des anonymes est politique.
L’Art de la polémique est probablement ce qui est perçu aujourd’hui comme éminemment toxique sur ces réseaux auxquels nous sommes accrocs, sans pour autant les lâcher. Alors autant y aller.
Bien entendu, nous nous attendons à cette critique : « on ne va quand même pas debunker chaque commentaire trouvé sur internet, autrement, on ne va pas s’en sortir ». C’est de bonne guerre. Pourtant, le commentaire que nous allons analyser ici est particulièrement riche et illustre bien un discours en vogue : la réduction des enjeux mémoriels à une posture victimaire.
L’Allemagne, en brandissant la Staatsräson comme justification absolue de son soutien à Israël, détourne la mémoire de la Shoah pour couvrir un génocide à Gaza. Cette posture s’accompagne d’un maccarthysme féroce contre toute voix dissidente, assimilant la critique d’Israël à de l’antisémitisme. Ce rapport de l’AURDIP explore les mécanismes de cette dérive, ses conséquences et les rares tentatives de résistance.
Donc, on ne lâchera jamais Blanche Gardin. Dans "Télérama", l'humoriste, mélancolique et un peu dépressive, racontait voici quelques semaines comment l'épisode de son fameux sketch visant les abus de l'accusation d'antisémitisme avait ""éteint son clown"". En passant, elle décochait une nouvelle flèche contre sa collègue Sophia Aram, qui ""a choisi son camp, celui du pouvoir"". Ladite Sophia Aram répondait dix jours plus tard, dans une longue "lettre ouverte" aux deux journalistes de "Télérama", autrices de l'entretien.
Tout a-t-il été dit ? Non. Ce week-end, sur Instagram, dans un texte aux accents douloureux, c'est au tour de Claude Askolovitch, titulaire de la revue de presse de "France Inter", de prendre la défense d'Aram, sa camarade de la Matinale.