Dans un café du quartier des ministères, Patrick Cohen (France Inter), Thomas Legrand (Libération), Luc Broussy et Pierre Jouvet, responsables socialistes, font de la stratégie électorale autour d’un expresso, se lâchent sur Rachida Dati et évoquent un soutien à Raphaël Glucksmann pour 2027. La vidéo, publiée par le magazine d’extrême droite identitaire L’Incorrect, n’est pas spectaculaire en soi, mais elle est révélatrice d’une hypocrisie journalistique à la française. Elle met au jour ce que beaucoup savent déjà : les journalistes politiques français ne sont pas des arbitres neutres, ils sont des acteurs du champ politique, proches des élites, qui subissent des biais politiques, sociaux et raciaux tout en prétendant porter une « objectivité » journalistique.
Londres a l’habitude des grandes manifestations mais celle du samedi 13 septembre était très grande. Plus de cent mille personnes ont défilé derrière Tommy Robinson, figure de l’extrême droite britannique. De Londres à Paris, l’avertissement est clair. Ce qui se passe de l’autre côté de la Manche peut se produire ici. C’est l’Europe entière qui est concernée. Que faire face à cela ?
"Pourquoi les gens qui sont pas blancs ont peur des contrôles de police au point de risquer leur vie pour y échapper ? Eh bah figure toi qu’on eu un élément de réponse suite au décès de Marvin à Lausanne, quand on a appris l’existence d’un groupe WhatsApp où les flics de la zone s’envoyaient des trucs bien racistes, homophobes, antisémites, validistes...". Nouvel épisode de Ghetto Blaster, par H-Tône.
La fortune des milliardaires a augmenté de 2 000 milliards de dollars en 2024 au niveau mondial, soit l’équivalent d’environ 5,7 milliards de dollars par jour, à un rythme trois fois plus rapide que l’année précédente. En moyenne, près de quatre nouveaux milliardaires sont apparus chaque semaine. Pendant ce temps, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté n’a pratiquement pas changé depuis 1990, selon les données de la Banque mondiale. Oxfam publie « L’art de prendre sans entreprendre » aujourd’hui alors que les élites économiques se réunissent dans la station balnéaire suisse de Davos et que le milliardaire Donald Trump, largement soutenu par l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, est investi président des États-Unis.
Barbara STIEGLER est philosophe, agrégée de philosophie et professeure à l’Université Bordeaux Montaigne. Elle est membre de l’Institut universitaire de France et du comité d’éthique du CHU de Bordeaux. Auteure de nombreuses études sur Nietzsche et de l’essai "Il faut s’adapter" (2019), elle explore les origines néolibérales de l’injonction à l’adaptation. Elle a publié "Du cap aux grèves" (2020), analysant les mouvements sociaux récents, et "Démocratie ! Manifeste" (2023) ou elle appelle à redonner au peuple la capacité de se gouverner lui-même, dénonçant une démocratie dévoyée et oligarchique.
Dans cette interview d'Olivier Berruyer pour Elucid, Barbara Stiegler montre que la crise politique majeure que nous traversons est le chant du cygne d'un régime néolibéral intenable et violent. Emmanuel Macron, François Bayrou et les autres ne sont que les représentants incompétents et pétris de mépris de ce système qui nous pousse à l'adaptation jusqu'à l'épuisement.
Le mécène revendiqué de l’extrême droite française finance depuis 2023 l’université catholique de l’Ouest, révèlent Disclose, La Topette et Reflets.info. Abrité derrière un discret fonds de dotation, Pierre-Édouard Stérin, qui rêve de reconquête culturelle et politique, investit l’un des plus importants établissements privés du pays, où nombre d’enseignants et d’étudiants sont déjà acquis aux idées de la droite radicale.
C’est l’un des plus importants établissements d’enseignement privé en France. Avec huit campus implantés dans l’ouest du pays et deux autres récemment créés à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie, l’université catholique de l’Ouest (UCO) accueille pas moins 13 000 étudiant·es chaque année. Elle attire aussi des personnalités politiques de premier plan : François Bayrou et Bruno Retailleau s’y sont rendus respectivement en 2022 et 2023 pour prononcer le discours inaugural du département de science politique du campus d’Angers, le fief historique de l’UCO.
Pour tenter de gagner le Graal de la meilleure audience devant TF1, la direction de l’information de France Télévisions semble avoir misé sur tout ce qu’il y a de plus rance dans le spectre des opinions politiques.
Lors du 20h du 9 septembre, après une ouverture classique sur le choix du futur Premier Ministre et l’indéboulonnable Nathalie Saint-Cricq qui parle de la nomination de Sébastien Lecornu comme s’il n’y avait pas eu d’autre alternative, on passe à la journée de mobilisation du 10 septembre, et là, soudain, l’information se met au garde-à-vous.
Alors que selon les instituts de sondage, près d’un Français sur deux soutient le mouvement « Bloquons tout ! », le journal de Léa Salamé occulte totalement les raisons de la colère populaire, pour ne traiter cette journée que sous l’angle du maintien de l’ordre et des perturbations à venir pour la France qui travaille.
Cinquante ans ont passé depuis le coup d’État du 11 septembre 1973. Les images de la Moneda en flammes, le palais présidentiel, les regards terrorisés des prisonnières et prisonniers du stade national à Santiago ou encore les sinistres lunettes noires du général Pinochet restent imprimées dans nos rétines et nos mémoires collectives. Le peuple chilien, ses luttes et résistances, ont été dans les cœurs et les mobilisations de nombre de collectifs de solidarité de par le monde. Aujourd’hui, ces mémoires de la répression, de l’exil, du combat pour la défense des droits humains, continuent à marquer nos représentations de ce pays du Cône sud. Mais le Chili n’a pas seulement vécu une tragédie : le début des années 1970 est d’abord celui d’un processus populaire et (pré)révolutionnaire extraordinaire qui a fait trembler l’ordre établi. Ce dossier de Contretemps revient au travers de divers articles, entretiens et formats sur ces milles jours qui continuent à interpeller le monde et les réflexions stratégiques des gauches radicales.
La charge raciale, ce poids psychologique, émotionnel et social que portent au quotidien les personnes racisées dans une société marquée par l’histoire et les structures du racisme. Elle se manifeste de manière insidieuse, à travers des micro-agressions, des remarques banalisées ou la nécessité permanente d’anticiper le regard des autres. Mais elle peut aussi surgir de façon brutale et explicite, dans des expériences de discrimination, de violences policières ou de rejet.
Cette charge n’est pas née de nulle part : elle s’enracine dans une histoire longue. L’esclavage a déshumanisé et exploité des millions de personnes, la colonisation a hiérarchisé les peuples et légitimé la domination par la couleur de peau. Ces systèmes ont produit des représentations, des préjugés et des inégalités qui traversent encore les sociétés actuelles.
Aujourd’hui, les personnes racisées héritent de cette mémoire collective et de ses conséquences concrètes : devoir se justifier plus que les autres, affronter des stéréotypes persistants, porter la crainte d’un contrôle ou d’une agression.
La charge raciale est ainsi une héritière du passé mais aussi une réalité présente, qui rythme les vies et rappelle que le racisme n’est pas seulement une affaire individuelle, mais une construction historique et systémique.
Pour en parler je reçois Douce Dibondo, écrivaine et sociologue et auteure d’un essai intitulé justement « la charge raciale » publié aux éditions Payot.
L'Association internationale des chercheurs du génocide, le principal organe sur le sujet qui regroupe ses plus grands spécialistes, a adopté lundi 1er septembre une résolution affirmant que les actions d’Israël à Gaza ont rempli tous les critères juridiques permettant de déterminer un génocide. L’État hébreu a réagi en qualifiant de honteuse la déclaration de l’association, qui a pris comme critères ceux utilisés pour juger la Shoah.
Il ne s’agit pas de pro-Palestine contre pro-Israël. C’est l’humanité contre les monstres. Et je vais vous dire exactement pourquoi.
J’ai vécu presque toute ma vie en Israël et, ces deux dernières années, à quelques mois près, j’ai passé la majeure partie de mon temps éveillé à vivre et à respirer la résistance, parmi et aux côtés de personnes qui partagent une opposition totale à la criminalité d’Israël (et, de plus en plus, comme il est devenu évident que l’action et l’acteur sont indissociables dans ce cas précis, une opposition à l’existence même d’Israël).
À Gaza, les bombes ont fait leur œuvre de destruction quand les mots, souvent distordus, sanctifiés, réécrits, ont préparé le terrain. Les médias occidentaux, en relayant sans recul le récit israélien, ont érigé un décor de guerre qui a sacrifié la voix des Palestiniens, là où l’information aurait dû dire la vérité et non la fabriquer.
Après le départ de deux vagues de navires, de Barcelone et de Gênes, les flottilles pour Gaza doivent se rejoindre au large de la Tunisie avant de faire route pour Gaza afin de briser le blocus de la bande. Suivez sur ce direct l'avancée de la flottille.
⚡ La Global Sumud Flotilla rassemble la Freedom Flotilla, la Sumud Flotilla du Maghreb, le convoi Sumud Nusantara et le Mouvement mondial pour Gaza. Des dizaines de bateaux, des centaines de membres d’équipage venus de 44 pays : une initiative inédite pour briser le blocus de Gaza et acheminer de l’aide humanitaire. Les bateaux partis de Barcelone ont été rejoints par ceux de Tunisie et d’autres ports le 4 septembre.
⛵ Militants, syndicalistes, défenseurs des droits humains, artistes… transportent nourriture, médicaments et même des dessins d’enfants, dans une action non violente contre le génocide mené par Israël avec la complicité des puissances impérialistes. Bruno Gilga, militant de MRT (organisation-sœur de RP au Brésil) et porte-parole de la délégation brésilienne, est à bord et documente la mission.
⚡À Gaza, la situation est plus terrifiante que jamais. Alors que le cabinet de sécurité a annoncé son intention d’occuper la totalité de la bande, ravagée par la famine, l’administration Trump concrétise à grand-pas son plan de déportation des Gazaouis et de reconstruction des territoires palestiniens pour les transformer en hub commercial et technologique au service des capitalistes étasuniens et des bourgeoisies arabes, complices du génocide.
🚨 Avec l’équipe de Révolution Permanente et le réseau international Izquierda Diario, nous suivrons la situation heure par heure. Restez connectés et partagez le live autour de vous !
En mai dernier, le gouvernement a lancé un groupe de travail visant à légaliser la reconnaissance faciale en temps réel. Loin d’être une surprise, cette annonce s’inscrit dans une suite de propositions émises par les plus hautes instances de l’État, en lien avec des acteurs industriels et scientifiques. Nous publions cette tribune de Félix Tréguer, adaptée d’un texte publié initialement sur AOC, qui estime que la reconnaissance faciale est incompatible avec les formes de vie démocratique.
Le 10 septembre n’est pas une date de plus dans l’agenda social. Ce n’est pas un geste marginal de contestation. C’est l’expression directe d’une rupture : si l’appel à bloquer s’impose, c’est parce que la démocratie a été méthodiquement ruinée. Le blocage n’est pas un acte « radical », il est la seule réponse qui reste quand le système a détruit toute alternative.
Ceux qui gouvernent aujourd’hui, Macron et ses valets, ont vidé la représentation de son sens. Ils ont foulé aux pieds le suffrage universel : le 10 septembre est le nom de ce constat : il n’y a plus de règles communes, seulement l’arbitraire d’un pouvoir qui ne se reconnaît que lui-même.
Plus tôt ce mois-ci, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a publiquement soutenu le projet de « Grand Israël » lorsqu’il a déclaré à i24 News qu’il était engagé dans une « mission historique et spirituelle » de conquête territoriale.
Cette vision maximaliste est édifiée sur le Grand Israël déjà existant et son contrôle colonial sur Jérusalem-Est, le plateau du Golan, la Cisjordanie et, désormais, à nouveau, Gaza – où le gouvernement espère se réinstaller prochainement. Elle prévoit d’étendre la colonisation juive à l’ensemble de la Palestine historique, autrefois prétendument le foyer exclusif des anciens hébreux et promise par le Dieu juif au « peuple élu », ainsi qu’à certaines parties des pays arabes voisins, dont la Jordanie, l’Égypte, la Syrie et le Liban. Le soutien à cette idéologie a explosé dans le contexte du génocide israélien en cours à Gaza, avec la circulation en ligne d’images de soldats affichant une carte de ce nouveau Grand Israël brodée sur leurs uniformes.
La mobilisation pour le 10 septembre arrive à grands pas. De nombreuses actions de sensibilisations et d’appels à ses journées de blocages voient déjà le jour. Bayrou tente le baroud d’honneur en mettant en jeu le gouvernement par un vote sur le budget le 8 septembre, replaçant l’attention sur la politique institutionnelle. La gauche hésite à son habitude, plus personne ne l’attend vraiment, alors qu’un grand nombre de bases syndicales sont déjà en mouvement. Le 10 est sur toutes les bouches, faisons en sorte qu’il soit le début de quelque chose.
De nombreuses idées émergent, de la grève générale au blocage des rocades. Si l’on souhaite un dépassement du mouvement des Gilets Jaunes, il semble important de se donner quelques pistes pour que la lutte dure, grandisse et ne meurt pas, que ce soit dans la répression, l’épuisement où le manque de perspectives révolutionnaires. Un moment de révolte est une expérience collective qui doit être un pas de côté vis à vis de la politique institutionnelle, celle qui décide pour nous et qui nous réprime. Ce pas de côté est notre capacité à créer autre chose, d’autres quotidiens en espérant qu’ils perdurent. Pour cela, il faut renforcer des réseaux de solidarité, il faut développer notre autonomie. Pour cela, il faut imaginer le coup d’après.